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13 ans plus tard, tout a été dit sur Avatar 2. LE prochain bond technologique, l’amorce d’une saga comparable au Seigneur des Anneaux, ou bien que tout le monde s’en fiche puisque le premier a été oublié (Ah ah ah !). Il faut dire qu’en une décennie, le monde a un peu changé. L’urgence écologique est maintenant incontestée. Le cinéma grand public est saturé d’univers partagés de plus en plus étriqués. L’explosion conjointe du streaming et des plateformes basées sur les formats courts creusent le déficit d’attention dans les salles. Comment espérer un miracle ? En repoussant les limites. Et dans le domaine, James Cameron est un peu le spécialiste.


13 ans plus tard, le premier volet tient superbement la route. Un trésor visuel propre à humilier la majorité des gros blockbusters sortis la dernière décennie. Sur le terrain de la prouesse technologique, La Voie de L’Eau est un nouveau jalon, incontestablement. Progrès de la motion-capture, textures de la peau, rendu de l’eau, 3D couplée au HFR (en passe du 24 à 48 images/seconde pendant une bonne moitié de l’œuvre) ; la « réalité » de Pandora n’a jamais été aussi forte. Le spectacle d’hier, c’était l’immersion en terre inconnue. Nous passons aujourd’hui en mer inconnue. Grande passion de James Cameron depuis plus de 30 ans, l’exploration sous l’océan touche une nouvelle fois au sublime. Avec la demi-heure supplémentaire (3h12), Cameron donne plus de place à la contemplation. Nouveau terrain de jeu, nouvelles espèces, nouveau mode de déplacement. Le monde d’Avatar grandit. Et le propos aussi…


13 ans plus tard, le statu quo est révolu. La course contre le temps est l’obsession nouvelle, les antagonistes deviennent les miroirs inversés des héros (Quaritch) et les prémisses d’une guerre totale sont là. Quel choix pour Jake Sully, Neytiri et leur progéniture ? Quel choix pour les Na’vis ?
La Voie de l’Eau prolonge les thématiques écologiques et anthropologiques entamées en 2009. Puis en ouvre de nouvelles concernant la symbolique de ces Avatars et de la nouvelle génération. Il faut d’ailleurs noter que les réussites viennent principalement de ces nouveautés. En premier lieu, les personnages de Lo'ak et Kiri, tous deux amenés à devenir les voix (voies ?) d’une rébellion contre ceux d’en haut…et des traditions d’en bas. Cela passera autant par la désobéissance et la défense que l’osmose avec ce nouvel environnement. Un mélange de candeur et de hargne bienvenu, à rebrousse-poil de ces grosses machines favorisant l’apathie de leur public (on ne citera pas de marques). Enfin, l’électron libre Spider ouvre des perspectives passionnantes, même si elles s’accompagnent d’une frustration, comme d’autres éléments du long-métrage.


13 ans plus tard, Jake est père et s’interroge sur son rôle. Canevas classique mais pour peu que l’écriture suivre, ça ne pose aucun problème. Ici, ça coince un peu tout de même. Pas que James Cameron s’adonne à une posture pro-patriarcat. C’est même l’inverse, contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là. La question parentale est fondamentale chez lui, sauf que la carte n’est pas finement jouée ce coup-ci. Sam Worthington et Zoé Saldana ne sont pas des mieux servis par l’intrigue et les dialogues (« un père, ça protège »). Sur cette thématique, l’intérêt va rapidement se déporter ailleurs quand bien même cet ailleurs est plus effleuré que développé. Ce qui nous ramène au défaut de cette suite, pour le coup absent du tout premier : sa structure. L’original était une ligne claire narrative, la suite est plus confuse, dépassée par les énormes potentialités offertes par les personnages, leurs différends et leurs évolutions. D’où l’importance de traiter l’essentiel pour assurer un relais fluide entre les uns et les autres. Trop ambitieux, Avatar 2 ? Pas vraiment, car sinon La Voie de l’Eau pousse les potards au maximum.


13 ans plus tard, James Cameron remet son titre de roi de l’entertainment en jeu. Plus que jamais auparavant, le cinéaste canadien assume de livrer un film-somme qui rassemble tous ses meilleurs travaux. La dernière heure est un climax ininterrompu entre les montées d’adrénaline et les explosions cathartiques, invoquant les souvenirs de Terminator 2, Abyss en passant par Aliens et Titanic. Voilà pour le niveau. Chaque déflagration porte un souffle effarant et les moments de bascule sont colossaux. Si la mise en scène fait montre d’une virtuosité supérieure au premier, c’est notamment perceptible dans les confrontations physiques, d’une clarté admirable. Quand tout cela se calme enfin, c’est pour vous bercer le cœur dans un élan de poésie enchanteur. Le film achève son périple avec un ultime plaidoyer en faveur de la nature, et une seule envie demeure : s’y replonger. On n’attendra pas 13 ans pour le prochain (dont le tournage est déjà achevé), mais on a largement de quelques années pour profiter de celui-là.

ConFuCkamuS
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le 15 déc. 2022

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