Ni début ni fin

Mon avis va probablement évoluer sur ce film avec le temps, mais on va dire pour résumer mon ressenti global que le spectacle était à la hauteur des attentes.

La voie de l'eau est la suite d'Avatar qui avait une histoire très simple mais l'exploitait plutôt bien avec un nouvel univers de SF à découvrir et la mise en scène impeccable de James Cameron, en plus des évolutions techniques majeures que le film pouvait représenter. Cette suite va faire de nombreux déçus, en particulier ceux pour quoi c'est l'histoire le squelette d'un film, parce que ce n'est clairement pas le point fort de ce deuxième volet.

Mais devant une histoire très moyenne dont on comprend rapidement la structure et pourtant écrite à plusieurs mains, force est de constater que Cameron compense largement ces faiblesses d'écriture à travers la mise en scène.

La première heure est la moins réussie du film, je pense que c'est là qu'il y a eu le plus de coupes au montage. Nous raconter en moins d'un quart d'heure tout ce qui s'est passé depuis le dernier film avec entre autres la présentation des cinq gamins de la famille Sully (je compte Spider), sachant qu'on évoque à peine Tuk dans cette partie, ça déstabilise car il faut rapidement qu'on apprenne à reconnaitre tous ces nouveaux venus qui vont être au cœur du film. Les enjeux sont ensuite posés, ça m'a fait grincer des dents car c'est une solution de facilité, mais Cameron renouvelle l'intérêt du spectateur avec la deuxième heure où on va découvrir le peuple de la mer et l'environnement qui l'entoure.

Cette deuxième partie, la plus contemplative, m'a beaucoup plu. On retrouve ce plaisir ressenti devant le premier film en explorant Pandora, mais avec le regard des nouveaux personnages qui sont archétypaux mais pas non plus insupportables. On se retrouve à suivre des ados, et forcément ils ont des comportements d'ados qu'on retrouve dans pas mal de blockbusters américains.

La dernière heure est tout simplement jouissive. De la baston où on sent les impacts des balles, des flèches, des coups de poing et de tous les éléments de décor qui vont s'effondrer sur les personnages à l'écran, c'est grandiose. Alors oui ça s’essouffle un peu sur la fin parce que le cadre se ressert peu à peu uniquement pour des raisons symboliques et qu'on en aurait presque demandé davantage, avec un peuple de la mer qui disparait soudainement.

Du côté des acteurs, j'ai été agréablement surpris par la performance de Sigourney Weaver en tant qu'ado paumée. C'était inattendu à ce stade de sa carrière et la capture de performance a permis d'en faire quelque chose d'assez crédible. Sam Worthington était le gros point noir du premier film avec son ton monocorde qui lit son texte assez insupportable. Dans ce deuxième volet, il joue heureusement un peu mieux et ne va pas nous faire sortir du film.

La musique est quant à elle très oubliable puisque les seuls bons thèmes viennent de la B.O. du premier par James Horner. À noter qu'après une chanson au générique de fin interprétée par Leona Lewis il y a treize ans, on se retrouve cette fois avec une chanson de The Weeknd faite pour le film. Ça passez assez bien honnêtement.

Qui dit Avatar dit également évolutions technologiques majeures qui vont peut-être chambouler l'industrie cinématographique, et James Cameron a tenté le coup d'expérimenter en plus de la 3D la technologie HFR. Ça a déjà été utilisé dans d'autres films auparavant, avec des cadences d'images encore plus élevées. Dans le cas d'Avatar, on a un film majoritairement en 48 images par seconde avec des plans ici et là en 24 images par seconde. Je n'ai rien contre le principe, enfin personnellement j'ai jamais trouvé que le 48 images/seconde c'était joli pour un film, mais cette différence n'est malheureusement pas justifiée par la mise en scène. Lorsque j'ai appris qu'un tel choix a été fait il y a quelques semaines, j'espérais naïvement que ça aurait du sens, que la HFR ne concerne que les séquences sous l'eau par exemple, qui sait. Malheureusement, si le film est plutôt agréable à regarder en étant majoritairement en HFR, je ne comprends pas pourquoi certains plans ont une cadence d'images moindre. Au niveau des effets spéciaux, c'est très cohérent avec le premier film tout en étant bien plus poussé. Les expressions des acteurs sont mieux retranscrites sur les personnages, on a des détails notamment sur la peau ou encore l'eau qui sont vraiment impressionnants, même s'il ne faut pas se leurrer, n'importe quel cerveau fonctionnel sait bien que tout ce qu'on nous présente n'est pas fait avec des effets pratiques. Pour moi c'est le summum de la réussite d'un effet spécial numérique, qu'il soit imperceptible. Ici en tout cas c'est très poussé. La 3D en elle-même reste une réussite, à la hauteur du premier opus. Le principal défaut de la 3D c'est que l’œil s'y habitue vite puisque c'est une façon naturelle de voir les choses alors au bout de 3 heures, c'est plus vraiment impressionnant.

Cameron a évidemment pensé ce deuxième volet comme un film de transition et fait des choix scénaristiques qui laissent la possibilité au troisième volet d'être plutôt libre du côté de l'écriture. J'espère qu'il a autre chose en tête que le message écolo du premier et ce message sur la famille (traditionnelle américaine sous-entendu) qui vient s'ajouter au deuxième, histoire qu'on explore un autre aspect de la saga, mais je n'en doute pas.