Treize ans après le premier Avatar (2009) et passée une triste décennie de blockbusters morbides, James Cameron réitère le pari insensé de son premier opus avec cette suite au moins aussi attendue. De nouveau, il s’agit de mettre en scène un spectacle total, à la fois bilan des formes du passé et mise à jour des possibilités du cinéma. Les attentes économiques et artistiques s’additionnent. Pour les premières, nous ne pouvons pas encore pleinement juger – les chiffres de fréquentation étant pour l’instant démentiels quoique parfois en dessous des espérances – pour les secondes, ça y est : nous avons vu Avatar 2. Nous ne sommes pas déçus, et pourtant surpris. L’article est évidemment constellé de révélations.

A la faveur d’un texte sur Parasite (Bong Joon-Ho, 2019), j’étais revenu sur la difficulté critique d’aborder certains « gros morceaux », rappelant même que le plus « gros » d’entre eux – puisqu’il est notre film préféré de la décennie passée – Mad Max : Fury Road (George Miller, 2015) n’avait jamais trouvé de plume suffisamment vaillante au sein de notre rédaction pour s’y confronter. James Cameron est peut-être le cinéaste qui pousse le plus loin cette difficulté. Ce n’est pas seulement lié à l’invraisemblable attente qui sépare ses derniers projets – douze ans entre Titanic (1997) et Avatar (2009), et treize ans entre ce dernier et sa suite – mais plutôt à un décalage entre le geste critique, dans une certaine tradition française, et celui du cinéaste. Pour le dire un peu rapidement, un film de James Cameron ne peut se décortiquer. Suivant une certaine tradition hollywoodienne, chaque ouvrage du cinéaste constitue un tout organique qui nécessite d’abord de l’apprécier en tant qu’expérience totale, avec un regard neuf, innocent, presque enfantin. En tentant de désosser ce tout, d’en tirer ce qu’il y aurait de meilleur ici, de plus décevant là, quelque chose se perd. Dans ce cas, le critique est démuni : où il se vautre dans des poncifs idéologiques pressés, prenant le film de haut, où il se perd dans le commentaire de texte linéaire uniquement focalisé sur des problématiques technologiques. Entre les deux, il ne reste peut-être qu’une prolifération de termes extatiques et creux – on ne compte plus le nombre de « choc », « sidération visuelle » et autres ponctuant son palmarès critique – qui témoignent tous d’une même impuissance. Il faut aussi dire que cette innocence est rendue difficile par l’inévitable battage médiatique qui a entouré la sortie de ce sequel, l’avalanche de trailers depuis des mois et donc les espoirs, importants mais encore flous, qui en découlaient. Il y a tout de même un avantage à toutes ces images déjà révélées : elles avaient déjà acté le « choc » annoncé. De fait, depuis qu’on avait vu les cinq premières minutes aquatiques, présentées en post-générique lors de la ressortie du premier épisode, on savait déjà à quoi s’en tenir plastiquement. Sans surprise, Avatar : La Voie de l’Eau (2022) serait, au moins d’un point de vue technologique, largement à la hauteur des attentes.


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PjeraZana
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le 1 janv. 2023

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