Extrêmement classique dans son approche, Automata crée d’abord un sentiment de sécurité trompeur. Car son cadre visuel est éblouissant. Comme je l’écris, c’est Blade Runner à notre époque, avec une esthétique similaire, la finition moderne en plus. C’est beau, proche de l’esthétique de Ridley Scott, et l’intrigue sait poser les petits détails qui régalent l’esprit pendant que l’histoire se tisse. Très classique dans sa mise en place des éléments (machine trafiquée, violation d’une des lois de base des robots, traçage des pièces volées, découvertes et jeu de piste jusque dans les bidonvilles jouxtant la citée, où les humains s’entassent et se livrent à de régulières détériorations des robots qui y circulent. Il est intéressant de constater que le film arrive plutôt bien à humaniser ses robots par leur attitude de sécurité programmée qui fait figure de bienveillance naturelle, de fiabilité et de responsabilité les rendant de véritables alliés. La meilleure scène du film, qui pousse le postulat dans ses grandes limites en conservant toujours cette fraîcheur, c’est le passage avec le robot-pute. Créature de plastique aux traits un peu plus féminisés et à la programmation plus poussée pour correspondre à ses fonctions, la scène atteint une intensité troublante particulièrement efficace. Puis le film commence à s’effondrer. L’intrigue, qui semblait simple jusqu’ici, se met à partir dans des clichés convenus. Les méchants deviennent caricaturaux… Et surtout, le film se met à faire de l’humanisme très mal placé. On sait le soin que mettent les espagnols à vouloir mettre des touches d’humanité dans leur cinéma (Les fils de l’homme d’Alfonso Cuaron en est le meilleur exemple dans sa réussite). Mais ici, c’est lourd, appuyé, de trop. Les robots sont si gentils, et les humains si méchants. Et les robots qui créent la vie, les robots qui dansent, les robots qui regardent l’art humain et cherchent à comprendre… Sans parler de l’intrigue avec la femme de Jacq enceinte qui ne sert pas à grand-chose sinon de l’amour puis des otages, et de ce rêve d’océan du héros, qu’on sait déjà devoir se retaper une ou deux fois avant de le retrouver pour le final sans qu’il n’apporte rien à la thématique (contrairement à celui de Blade Runner, quelque soit mon avis sur le film). Si la facture technique du film ne faiblit jamais, son histoire sombre peu à peu dans les conventions et la vacuité, gâchant le bel univers et le matériau potentiel qui aurait fait ici une des plus belles surprises de 2014. En lieu de cela, on devra se contenter de belles images et de vaines paroles…
Voracinéphile
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le 7 janv. 2015

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