Comme à chaque film de Jafar Panahi, la première chose qui frappe à la vision d'Aucun ours, c'est l'extrême intelligence du cinéaste. 

Intelligence dans le procédé mis en place (la réalité vécue par les acteurs d'un film dans le film, en parallèle de ce que vit Panahi lui-même dans un village isolé d'où il dirige le film), intelligence dans les ressorts manipulés pour maintenir notre intérêt (fausses pistes et coups de théâtre) et intelligence enfin dans l'acuité avec laquelle sont montrés les rapports humains.

Si nous sommes habitués à des démonstrations de savoir-faire de la part de Panahi (il y a des plans-séquences d'une formidable virtuosité dans ce film réalisé avec trois sous), on est plutôt surpris ici de voir l'émotion affleurer progressivement, jusqu'à un double final surprenant, pessimiste et bouleversant.

Dans ce film doux amer qui condamne deux aliénations (le pouvoir politique iranien et les traditions villageoises rétrogrades), la placide silhouette du cinéaste maintenant emprisonné est terriblement fragile. Et émouvante.

A voir absolument.


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Christoblog
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le 6 déc. 2022

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le 6 déc. 2022

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