Dans un commissariat aux murs de bétons non polis et aux plafonniers en nids d'abeille blancs, un homme se fait cuisiner par le commissaire à propos d'un cadavre qu'il a trouvé, et au sujet duquel il est innocent. L'interrogatoire revient sur les sept aller-retours qui ont précédé la découverte du cadavre, mais des rebondissements se jouent également au poste, et la frontière entre les situations narratives se brouillent.
Dès le début le film m'a fait penser à une pièce de théâtre, et j'étais presque étonné que l'on aille vers cette direction sur la fin. La brochette de comédiens est savoureuse, de Grégoire Ludig en idiot candide à Marc Fraize en borgne qui répète "C'est pour ça", le petit caméo d'Orelsan en fils de flic et bien sûr Poelvoorde en flic crevé mais bouffé par son métier et cherchant la petite bête. Les dialogues d'interrogatoire tournent souvent vers l'absurde, et l'intrusion de personnages du présent dans les flashbacks du narrateur sont amusants.
La toute fin enchaîne les revirements : brusquement la paroi du commissariat s'ouvre pour donner sur un théâtre rempli, sous le regard ahuri du suspect. Puis une scène dans une brasserie où les acteurs débriefent comme une troupe après représentation. Puis la scène finale, où le suspect, qui croit pouvoir partir, se fait menotter par le commissaire qui le fait ramener au poste.
L'exercice pourrait paraître un peu vain mais je l'ai trouvé très plaisant. Il déconstruit le genre de la comédie policière pour finir sur le statut des personnages de fiction, condamnés à revivre pour le public l'intrigue dans laquelle ils sont pris. Le film a le mérite de sa cohérence.
C'est le premier film de Quentin Dupieux que je vois, cela me donne envie d'en regarder d'autres.
Merci à Emilie pour la recommandation.