On pense forcément au "Café du Cadran", tourné à peine trois ans plus tôt par Jean Gehret.
Si les deux intrigues ont peu en commun, on retrouve la même atmosphère de huis-clos, dans le lieu unique d'un bistrot de quartier, avec sa clientèle d'habitués hauts en couleur.
Contrairement au café du Cadran qui se situait à proximité des théâtres et des grands boulevards, le P'tit zouave se trouve au beau milieu d'un quartier ouvrier, dans le voisinage immédiat des usines Citroën et du métro aérien.


Autour d'un verre ou d'une partie de belote, s'y presse chaque jour une faune caractéristique, de condition modeste : la prostituée au grand coeur (Marie Daëms) et son souteneur, un ancien flic révoqué (Renaud Mary), le marchand des quatre-saisons (Yves Deniaud), le teinturier veuf et lubrique (Henri Crémieux), le monte-en-l'air amoureux (Bernard La Jarrige) de la petite dactylo (Dany Robin) qui vit sur place en pension complète...


Cette clientèle fidèle et bariolée est accueillie par le patron des lieux et madame (Robert Dalban et Alice Field), ainsi que par leur employée Fernande, un sacré numéro (Annette Poivre).
Malgré les petites et grandes misères de l'existence, chacun a trouvé sa place dans ce décor familier, jusqu'à l'arrivée impromptue de Monsieur Denis (François Périer, peu convaincant pour une fois), un bel homme de condition supérieure, qui fait tourner les têtes de la gent féminine, et par conséquent celles de leurs soupirants...


Honnêtement, le film de Gilles Grangier n'est pas très bon, certains personnages sont trop caricaturaux, d'autres évoluent de manière peu subtile, sans compter que l'intrigue policière apparaît cousue de fil blanc, l'ensemble évoquant parfois les heures les plus sombres du "réalisme poétique" de la décennie précédente (les dix dernières minutes notamment).


Pourtant, malgré ces défauts, j'ai pris un certain plaisir à suivre cette histoire désuète, grâce à l'atmosphère singulière qui se dégage de cet endroit pittoresque, et à la truculence de ses résidents, incarnés par de bons comédiens, principalement des seconds couteaux.
Gilles Grangier et son scénariste Pierre Laroche font preuve d'une certaine habileté dans la construction narrative, et Dany Robin est décidément bien jolie, en dépit de son personnage assez gnangnan. Un petit film bancal mais sympathique.

Val_Cancun
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le 26 mars 2020

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