Réalisateur d'un documentaire sur le suicide dans le monde agricole, sujet bien actuel dont les gazettes ne parlent guère, Edouard Bergeon raconte dans Au nom de la terre une histoire inspirée par son père au sein de la ferme familiale. Respect, donc; pour une récit qui le touche de près et qui joue naturellement la carte du réalisme dans son approche. Surendettement et épuisement dans un monde rural qui a extrêmement bougé, notamment avec les normes européennes, l'engrenage a quelque chose d'inéluctable et le malheur est dans le pré, à plus ou moins brève échéance. Outre son aspect de quasi reportage, au moins dans sa première partie, le film bénéficie d'une interprétation d'excellente tenue, pas seulement celle de Guillaume Canet, crédible dans un rôle à César, malgré sa ressemblance fortuite avec Gérard Jugnot, mais aussi la belge Veerle Baetens, Anthony Bajon ou encore Rufus. La relation père/fils entre les personnages incarnés par ce dernier et Canet est d'ailleurs une des clés d'Au nom de la terre, le plus jeune cherchant à démontrer à son géniteur qu'il est non seulement à la hauteur mais aussi capable de réussir malgré les évolution et les contraintes de son univers. Il y avait donc beaucoup d'ingrédients dans cette peinture sensible du monde paysan pour que le film emporte et émeuve. Ce n'est pas vraiment le cas car il manque un point de vue dans la narration et un brin d'audace dans une mise en scène trop plate. Un beau et important sujet qui en définitive peine à nous impliquer véritablement, hormis dans les dernières minutes de projection.

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le 25 sept. 2019

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