Le film de Bresson épouse une émotion pure qui sublime parfaitement le film. Evoquer la figure biblique de l'âne qui traverse les vices des Hommes est une idée simple mais ingénieuse. Tout y est suggéré avec génie, l'oeil de l'âne qui arpente un monde trivial et
qui meurt, portant tous les pêchés des Hommes
. Bresson ne tombe jamais dans le manichéisme mais montre juste les faits et les Hommes : ceux qui brillent de bonté ou de malheur. Balthazar traverse avec courage toutes les épreuves qu’on lui fait subir, il apparaît comme une créature intelligente et rusée. La musique disparaît quasiment : seule la sonate n° 20 de Schubert, utilisée avec parcimonie, rythme les étapes du martyre. Loin de la paraphrase, elle est un élément du récit et peut céder la place dès le générique, aux cris de l’âne. Le regard de Bresson est distancié comme pour mieux approcher la vérité de ses personnages. C’est en cela que s’élève la grandeur et la noblesse de ce film, ce simple sujet sur la vie d’un petit âne qui secoue bien plus profondément qu’on ne peut le croire...