Vie et mort d'un feu intérieur

Les images magnifiques et terribles du couple Krafft, sublimées par des musiques d'opéra, peuvent faire frissonner, donner envie de crier "Reculez !". Mais très vite, on se dit "seulement quelques pas plus loin..." et comme les Krafft, on voudrait avancer vers la mort en ébullition qui s'extirpe du cratère. Juste pour voir.

Quelques pas de plus, quelques images de plus... A travers ce documentaire, Herzog ne s'intéresse pas tant aux Krafft comme scientifiques que comme artistes, chercheurs de beautés au cœur de l'enfer et trompe-la-mort de génie. Mais la mort gagne toujours, on le sait dès le départ. Sans doute les Krafft le savaient-ils aussi. Alors, sachant la mort en chemin, on essaie de comprendre. Comment ce couple en est-il arrivé là ? Comment peut-on accepter que la vie ne tienne parfois qu'à un coup de chance, et s'approcher encore de l'abîme ?

Les images contiennent un début de réponse. L'enfer fascine, la désolation filmée par Maurice est d'une beauté à couper le souffle. Du cinéma spectaculaire, sans les effets spéciaux.

Enfant, je me souviens être resté de longues minutes devant un feu allumé par mon père dans le jardin. Cette même fascination enfantine qui a dû porter les Krafft jusqu'à la fin.

Et quand on revient sur les flancs du mont Unzen, on a comprit. Ils auraient pu survivre, Katia voulait partir pour les Philippines où un autre volcan était entré en éruption. Mais ils sont mort en premier, plus proche du cratère que les autres.

Reposez en paix, Katia, Maurice. Vos images et votre passion vous survivront encore longtemps.