Astérix, le nouveau dessin animé!
Astérix, mais cette fois en 3D! Astérix pixarisé!
Astérix plus aux jeux olympiques mais toujours par Astier!
Une réclame qui laisse perplexe et même dubitatif.
Pourtant la curiosité l'a emporté. La curiosité et sans doute l'envie de rendre hommage au dernier Astérix de M. Roger Carel, Dieu vivant du doublage français, sans lequel Astérix, Benny Hill, C3PO, et bien d'autres personnages, à défaut d'être amuïs ou tus, n'auront guère plus de sens.
Et pourtant, c'est une bonne surprise que ce Domaine des Dieux pour deux excellentes raisons.
La première: Le peu d'engouement pour la série de BD due au désastreux bien qu'inventif Le Ciel lui tombe sur la tête que peinait à résorber l'excellentissime Astérix chez les pictes et l'ennui des films causé par un alignement systématique sur la sauce Les Nuls du succès de Mission Cléopâtre, tout est effacé d'un coup de brosse rieur, connivent et communicatif par un Alexandre Astier qui a su accommoder l'esprit de la bande dessinée, des premières adaptations en dessin animé par les maîtres eux-mêmes et l'esprit parodique et clin d'oeil des Nuls. Un compromis excellent qui se défend par un casting vocal irréprochable - exception faite d'Obélix, Pierre Tornade restant inégalable (une leçon à retenir sans doute avant un Astérix sans Carel) - et une fidélité remarquable à l'oeuvre ornée de quelques pépites d'inventivité. A l'image d'un gag entièrement en latin sous-titré comme c'est le cas dans la plupart des BD et rarement le cas dans les adaptations. Les clins d'oeil permettent même à un public ignorant tout de l'univers d'Astérix d'y retrouver Le Seigneur des anneaux, Hulk ou l'humour semounien sans troubler pour autant le plaisir des puristes.
La seconde: Le choix plus que judicieux du Domaine des dieux, qui dénonce la mondialisation économique et culturelle qui fait fi des valeurs traditionnelles françaises pour faste de l'american way of life - plus fast et plus furious, lui - et harmonise identité française et acceptation et même un amour de l'étranger sans soumission ni résignation idéologique. Un film qui fait donc autant rire que réfléchir et un message attendu par les français de notre temps.
Défaut néanmoins de taille, pixarisation d'Astérix peut en refroidir plus d'un de même que hulkarisation d'Obélix peut sembler par moment hyperbolique, mettant le sens de certaines scènes en danger. Obélix dont je regrette une voix moins hilarante et pas aussi recherchée que celle de feu M. Tornade.
Quoi qu'il en soit, un très bon Astérix qui a su se défendre face à mes réserves d'irréductible gaulois. Réussir une telle performance, c'est du domaine des Dieux!