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Les innocents fusillés c'est chose commune en temps de guerre

Arrêtez les tambours se passe à la fin de la seconde guerre mondiale dans la bourgade occupée de Courdimanche. Le docteur Leproux, Bernard Blier, est maire et médecin. En tant que généraliste, l'édile prodigue ses soins à tout un chacun, qu'il soit ami, allié ou ennemi. La guerre est présente sous la forme des forces allemandes occupantes, de scènes du débarquement et de la présence de la résistance. S'y mêle les habitants qui peuvent être au besoin opportunistes, nationalistes, veules ou vindicatifs. La scène est plantée.


Pourtant la guerre n'est qu'un prétexte au drame qui va se jouer. Elle fournit tous les ingrédients nécessaires au propos du film: la complexité de la nature humaine et les actions s'inscrivant dans un système de valeur propre à chacun. En effet, chacun des personnages est évidemment mû par sa vision du monde et ses intérêts propres. Et c'est du développement de ses différentes personnalités que cette œuvre tire sa grandeur. Comme toute tragédie, chacun fait des choix et agit au mieux, en restant droit dans ses bottes taillées au cuir de ses valeurs. Il est très difficile de prendre parti pour tel ou tel. Il n'y a ni bon ni méchant dans les personnages principaux, et dans une certaine mesure même les personnages secondaires sont emportés par leur systèmes de pensée qui permettra au drame de se nouer jusqu'à la tragédie finale.


Ainsi, le docteur Leproux, Bernard Blier, se refuse à prendre partie pour les occupants ou les occupés. Même le débarquement est pour lui une raison de réaffirmer que l'humanisme est son moteur. En revanche, son collègue allemand le médecin militaire, Lutz Gabor, est mû par un idéal humanisme ambigü, nationaliste et universel. La fille du docteur, Catherine Leproux, Lucille Saint-Simon, cherche, du haut de sa vingtaine d'année, à construire son idéal d'amour éternel, au contraire de la résistante, Dany, campée par Anne Doat, qui voit l'amour comme une force libre, propre à soutenir les ambitions de ses amis et donner courage et confiance. On pourrait aller loin dans le détail de chacun des personnages, et force est de constater qu'ils sont très bien écrits. Le scénariste Pierre Laroche, Georges Lautner, et l'auteur de l'oeuvre original (Le sentier) Richard Prentout on fait un travail remarquable et précis.


La structure du film est calquée sur le drame classique en trois actes. Mise en place, développement et drame inéluctable. La troisième partie étant finalement assez décevante alors que les deux premières sont vraiment prenantes. C'est une déception pour le spectateur.


Le jeu des acteurs est subtile. On retrouve le savoir faire de Bernard Blier qui est remarquable. Et on apprécie Henri Virlogeux dans son rôle de garde-champêtre. Lucile Saint-Simon est très juste aussi tout comme son partenaire Lutz Gabor dans le rôle du médecin militaire occupant. Béatrice Bretty en bonne du bon médecin est remarquable. Les résistants Daniel Sorano et Anne Doat le sont moins bizarrement. Est-ce que leurs rôles étaient moins écrits ? Jacques Marin est cantonné au rôle du commerçant du village français typique de cette période dans lequel il excelle.


Georges Lautner nous livre un cinéma engagé. Il ne l'est pas politiquement, mais humainement, voire sociologiquement. Et je trouve ce film remarquable dans le travail que devait mener la France pour une réconciliation nationale. Le thème de la réconciliation avec nos voisins allemands n'est pas quant à lui à la mesure des enjeux de la seconde guerre mondiale (entre autres, je ne crois pas à la vision universaliste des motivations du parti nazi telle que présentée dans le film), mais peut-être qu'en 1960, les français qui cherchaient un sens à toute cette horreur avaient-ils besoin d'un grand récit pour recommencer à discuter avec leurs voisins vaincus.

jcmaison
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le 17 janv. 2021

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JC Maison

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