Argofuck yourself !
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Argo est symptomatique du niveau bas de plafond où est descendue la production hollywoodienne pour adultes. Tout le monde s'extasie sur la mise en scène... mais quelle mise en scène ? le film est tourné en plan large pendant toute la projection, les champs contre champs qui rythment les dialogues sont coupés au couteau. Le montage en roue libre rend le film lent et mou (la scène de la prise d'otages dure 15 min sans que l'on ne ressente aucune émotion), Tous les personnages sont des silhouettes à peine dessinées et l'acteur derrière la caméra nous la joue mélancolique (sans que cela soit vraiment justifié par l'intrigue) et concerné pendant 2h00, probablement pour être certain de concourir à l'oscar. Tout le monde s'extasie sur le suspense ? L'affaire est pourtant réglée en 5 minutes chrono, le film ne parvenant pas à faire monter la tension, une fois que l'intrigue est posée. Pendant la projection, on s'ennuie donc fermement sur son siège car tout est absolument prévisible. Enfin, ce film n'a rien à dire sur les enjeux de la période (au moment où Carter définit sa doctrine sur le Golfe Persique dans les relations internationales qui met fin à la "politique des bon sentiments" et autorise le financement par la CIA des moudjahidin et des talibans en Afghanistan) et parvient même, un comble, à réhabiliter Carter alors que le pourrissement de la crise à contribué à sa défaite électorale en 1980. L'affaire des otages de l'ambassade américaine n'est finalement qu'un décor pour le scénario de ce pseudo suspense. L'Iran des mollahs n'est qu'un hors champ que le réalisateur ne prend pas le temps de vraiment observer. Argo n'est rien d'autre en définitive qu'une apologie des valeurs américaines incarnées par le héros, sorte de cow-boy cool sûr de lui (un hommage appuyé est rendu à John Wayne au cours d'un dialogue) et véhicule d'une idéologie rance qu'Hollywood ne nous avait pas refourgué depuis un moment. La libération des otages est d'ailleurs montrée comme une scène de jouissance collective (embrassades, applaudissement et bouchon de champagne qui saute) alors que dans les faits, les USA étaient au plus bas... Étonnant que ce film mou du genou et bien pensant remporte tous les suffrages et soit vendu comme le meilleur film américain de l'année. Comme le faux tournage qui permet d'exfiltrer les otages, Argo est un film bidon. Berk donc
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le 22 juin 2013
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