Argo
7
Argo

Film de Ben Affleck (2012)

L'histoire étant dévoilée dès sa première bande-annonce (elle-même tirée d'une histoire vraie), il était évident que l'enjeu du film ne pouvait tenir sur son dénouement. Nous sommes bien d'accord.

Que mettre, dès lors, au crédit de cette version Hollywoodée d'un moment assez étonnant de la vie diplomatique (et historique) de cette fin du 20eme siècle ?

Quelques moments de tension admirablement retranscrits, d'abord.
L'invasion de l'ambassade est une réelle réussite. Plusieurs scènes, dans cet esprit, et tant que nous sommes dans la phase de la préparation, inscrivent le film dans la veine de ce que nous avons vu de mémorable dans le genre.
La folie de l'entreprise (se rendre en tant qu'agent de la CIA en Iran, à ce moment précis de l'histoire, est réellement un peu tarré, quoi que l'on pense de l'héroïsme ou l'idéologie des uns des autres blablabla…) est palpable dans tous les plans.

De même, la peinture du milieu des producteurs Hollywoodien est un petit bonheur, à coup de dialogues qui parviennent à être drôle tout en racontant quelque chose.

Ce que le film dit des services secrets américains est assez étonnant aussi. Des têtes pensantes incapables d'élaborer un plan qui tienne la route et refusent longtemps celui qui (même si on comprend pourquoi) sera retenu. Une tentative sans doute grotesque, mais qui fut celle (la seule ?) qui permit finalement que nous nous souvenions, trente ans après, de la réussite de l'opération. Que l'on songe que le personnage principal, qui a inspiré le film, a imposé un scénario contre l'avis de sa hiérarchie et a du désobéir pour le mener à terme, a de quoi faire frissonner.

Fort de ces réels atouts, on peut alors se demander pourquoi Ben Affleck a affublé son récit de tant de faux suspens qui rendent l'architecture "histoire-vraie" si caduque ? Le final, qui empile une série d'évènements qui interviennent "à la-seconde-près !", trouve peu sa place dans une oeuvre qui, jusque là, avait le mérite d'une certaine forme d'honnêteté et de sérieux.

A l'image d'un générique de fin pour le moins curieux, pendant lequel nous assistons à la mise en comparaison de ce que nous avons vu dans le film versus des photos d'époque. Comme si Affleck et son équipe vouaient nous convaincre du sérieux de leur entreprise, et rassasier les plus pointilleux d'entre nous, afin de regagner un supplément de légitimité que la dernière demi-heure avait consciencieusement broyée dans une machine conçue à cet effet.

Bref, pas de quoi, bien entendu, valoir un oscar, soyons sérieux.
Ah si ?
Ah bon ?
guyness

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