Qu'arriverait il si vous receviez par erreur, une communication des plus crédibles vous annonçant une terrible nouvelle? Ça me rappelle une situation vécue.
A l'époque, j'allais me fournir en additif cannabinoïde dans la zone 3 des transports parisiens. Y allant pour une bonne dose environ une ou deux fois par trimestre, j'avais l'habitude d'aller voir mon pote vers 17-18h et tout se passait tranquillement.
Un jour pour une raison quelconque, je me retrouve contraint d'y aller un peu plus tard. Comme d'hab, il vient me chercher à la gare, on fume un mégot ensemble et hop me revoilà sur un quai en train d'attendre mon prochain RER dans 20 ou 30 minutes. Sans me démonter, je sors mon livre et le prend en cours, je finis ma nouvelle du recueil "le chat noir" de Poe. Pour tout dire, je sortait d'un petit break fumette et le matériel à peine acquis était de super bonne qualité, c'est là que je ressens une énorme gifle qui me fait profiter de son potentiel et me voilà en train de rigoler tout seul sur un quai de gare désert en lisant un livre pas drôle du tout.
C'est en me reprenant qu'est arrivé une très mauvaise intuition à propos du suivi de la soirée. Je suis loin de chez moi, ma sacoche bien chargée et je venais de perdre le minimum requis de self control.
C'est ici que mon expérience rejoint celle du film, que faire quand on a une idée imprécise d'une mauvaise nouvelle dans le futur? On change de plan? A moins que le fait de changer de plan nous mènera au désastre annoncé?
Pour ma part, je suis allé voir une autre gare qui croisait pas loin mais le terminus à Montparnasse souvent fliqué ne me plaisait guère , j'ai pensé tenter de prendre un taxi mais c'était pas le genre d'endroit où ça se trouvait facilement à cette heure, surtout je restais en proie au dilemme ci dessus, ainsi ma décision fut prise, je suis retourné sur le 1er quai, je suis monté dans le RER attendu, à la station d'après, une quinzaine de mec est montée, ils ont remonté tout le train à la recherche d'un pigeon, ma tronche ne pouvant rien cacher, ils sont venu me voir et sont reparti au bout de 10 minutes avec le contenu de mon sac.
C'est arrivé il y a bien longtemps et j'étais encore jeune et beau, mais quand j'y repense, le plus important pour moi, c'est le deuxième dilemme. Si en modifiant mon trajet, je rentrais chez moi en bonne santé, les poches pleines, mon pressentiment n'aurait été qu'un mauvais délire et je n'aurai jamais été conscient de ma puissance prémonitoire.
Revenons donc à Harry Wachello, c'est le mec qui n'a pas de chance mais comme c'est le plus beau jour de sa vie, il aura encore moins de chance. Le jour où il rencontre l'amour de sa vie, des pigeons bousillent l'alimentation électrique de son réveil et il arrive en retard au rendez vous avec sa bien aimé. Comme il n'a toujours pas de chance, il décroche le téléphone dans une cabine téléphonique qui sonne. A ce moment, le glas sonne aussi, la guerre nucléaire, c'est pour demain matin.
Que faire, y croire, ne pas y croire, alerter, ne pas alerter? Au bout de quelques tergiversations, Harry se décide à retrouver son amour. Situation qui lui permettra de confirmer les dires de l'appel. Chose impossible s'il était rentré se coucher.
Si Appel d'urgence a des qualités, non seulement elles se comptent sur les doigts d'une main, mais elles sont réservées à certains initiés qui ne s'offusqueront pas d'un certain nombre de scènes des plus balourdes.
L'intro au musée, les chamailles et rabibochages des grands parents, les oiseaux qui court-circuitent la ligne, toute la scène du restaurant suivant le coup de fil (la blonde bcbg avec son téléphone chaussure) et d'autres détails du genre plombent sérieusement le crédit que pourrait obtenir ce film avec ses meilleurs scènes, l'appel et la plupart des séquences pré apocalyptiques.
Malgré tout, j'aime bien ce film hyper typé 80's, genre deuxième partie de soirée du jeudi sur canal (de l'époque), mais le gros hic, c'est qu'il s'agit d'une romance qui implique Mare Whiningham et là, j'ai vraiment du mal à adhérer. Elle semble tellement loin de ses pompes qu'on a l'impression que si elle les avait retrouvées au début du film, elle aurait pu survivre au désastre nucléaire.
Autre détail horrible, la vf
Bref, malgré tous ses défauts, cela reste un must see pour tout nostalgique des vidéo-clubs, ou amateur d'ambiance de fin du monde et surtout n'ayant pas l'esprit trop formaté par les grosses productions. De là à le conserver sur un support payant, faut peut être pas pousser, à moins de le ranger à coté de Flic ou Zombie.