Invariablement, chaque été, la télévision nous repasse le cycle Angélique, je comprend que ça agace des spectateurs, mais d'autres comme moi ne s'en lassent pas, je ne sais pas combien de fois j'ai pu voir ces films, et d'ailleurs j'assume pleinement cet archétype du plaisir coupable, sans doute dicté par mes souvenirs, car inévitablement, on se rassemblait en famille devant le petit écran à chaque rediffusion, et Michèle Mercier fut un de mes premiers fantasmes d'ado. D'où une note généreuse, car je n'ai pas envie de renier ces aventures rocambolesques et mouvementées.
Quand en 1964, les spectateurs ont découvert cette splendide rousse sensuelle sur grand écran, ça a dû être quelque chose ; moi je l'ai découverte bien plus tard, vers le milieu des années 70. Voir Michèle Mercier se promenant en chemisier délicatement mouillé laissant deviner une poitrine ferme, ou Michèle Mercier allongée nue sur un lit avec un édredon cachant juste ce qu'il faut, c'était le comble de l'érotisme à cette époque pour un ado qui n'avait pas les possibilités modernes à disposition aujourd'hui. A 25 ans, Michèle Mercier devenait un sex-symbol, succédant à Martine Carol et à Brigitte Bardot. Le retour de manivelle sera cruel car elle restera malheureusement liée à ce personnage de femme à la sensualité à fleur de peau. Angélique qui a fait d'elle une star, va aussi l'enfermer au fil des 5 volets de cette saga, occultant son début de carrière qui fut intéressant. Elle ne retrouvera désormais jamais un rôle aussi mythique, et ses tentatives pour s'en affranchir, se solderont par des échecs.
En tout cas, je n'ai pas envie de bouder mon plaisir devant ces aventures pseudo-historiques et romanesques, filmées dans un style roman-photo de luxe, car c'est l'archétype du mélo populaire de qualité, très soigné dans les décors et les costumes, qui consacra sa vedette féminine et qui engendra 4 suites : Merveilleuse Angélique, Angélique et le Roy, Indomptable Angélique et Angélique et le sultan. Ces films seront tous réalisés par Bernard Borderie, d'abord spécialisé dans les polars de Série Noire puis spécialiste des films de cape et d'épée ( on lui doit une belle version des Trois mousquetaires, un agréable Chevalier de Pardaillan...).
On oublie souvent que ces aventures étaient tirées de romans populaires écrits par Anne et Serge Golon dans un style très voisin d'Alexandre Dumas. Rien n'était laissé au hasard : le casting était riche avec parfois des Italiens comme Giuliano Gemma (dus à la petite part de la co-production franco-italienne), mais aussi de bons comédiens dont certains de la Comédie Française comme Jacques Toja en roi Louis XIV, Jean Rochefort dans un rôle truculent de policier-espion du roi, Claude Giraud en noble infatué... mais surtout Robert Hossein, inoubliable Joffrey de Peyrac au physique balafré et à la noblesse du coeur ; un rôle qui pesa aussi pour l'acteur qui eut bien du mal à se débarrasser de ce personnage encombrant, mais comme Michèle Mercier, il a appris à vivre avec.
Cette délicieuse kitscherie d'un autre âge, mais qui a inspiré bien des films ou des feuilletons télé, mêlait savamment l'Histoire de France au fictif, et combinait habilement aventures, passions et érotisme sur les violons romantiques et fougueux de Michel Magne qui livrait là une de ses partitions les plus soignées. Un érotisme assez sage mais bien présent, tel qu'on pouvait le montrer en France à cette époque, et qui se réduisait comme je l'ai dit à un sein furtivement entrevu par-ci, une croupe incendiaire par-là... il serait plus juste de dire que c'est la volupté qui régnait dans ce film et ses suites, Michèle Mercier assumant son personnage avec passion, belle, coquette, fougueuse, généreuse et embellie par des robes adéquates aux décolletés étudiés. Bref, tous les garçons de ma génération étaient amoureux d'Angélique, et les filles en pinçaient pour Joffrey de Peyrac, le couple romantique par excellence.

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le 8 août 2017

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Ugly

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