Ô combien célèbres, les aventures d'Angélique, la Marquise des anges ! Ô combien merveilleuses aussi tant, bien qu'ancrées précisément dans l'Histoire de France, elles tiennent du conte de fées ! Du conte de fées et du roman picaresque, un mélange étrange pour cette marquise des anges.


Et tout commence ici, avec Angélique, marquise des anges, belle fresque de Bernard Borderie, qui a aussi réalisé les Pardaillan mais que l'on connaît surtout pour ses films d'espionnage de Lemmy Caution à Géo Paquet dit Le Gorille.
Tout commence avec ce film d'époque, en costumes, pourvu d'une distribution éclatante. Michèle Mercier (Aimez-vous Brahms ?, Celles qui aimaient Richard Wagner), qui obtient là le rôle de sa vie, en est le joyau central serti dans un écrin constitué de grands talents tels que Robert Hossein, Jean Rochefort, qu'on ne présente plus, Jean Topart, grand nom notamment de la saga des Pardaillan, Robert Porte, un habitué des films en costume et des films historiques, Giuliano Gemma (Le Désert des Tartares), ainsi que de grandes voix parmi lesquelles Claude Giraud (Les Aventures de Rabbi Jacob) - certes, peu présent - que l'on connaît pour ses doublages d'Alan Rickman, de Liam Neeson ou de Tommy Lee Jones, Pierre Hatet, inimitable Joker et voix de Christopher Lloyd, Jacques Thébault (voix entre autres de Christopher Lee et Patrick McGoohan) et Jacques Balutin, doublant certains interprètes, ou encore Yves Barssacq, la voix d'un des Dupondt dans Les Aventures de Tintin. On notera aussi une figuration de Jean-Pierre Castaldi extrêmement jeune parmi les invités d'Angélique et son époux, lors de la visite du Roi.


Mais tout cela ne serait rien sans les sublimes décors, du vert de la nature aux escaliers de marbre sans oublier le poison !
Tout cela ne serait rien ans cette histoire d'amour foisonnante qui se heurte avec l'histoire et la cabale.
Car si le film est bon, il pose la problématique d'un récit en deux temps qui se suivent sans justifier leur contiguïté au sein d'un même métrage. La première partie est une réécriture plutôt habile de La Belle et la Bête ou plutôt d'Eros et Psyché. La belle Angélique, sa jeunesse, ses indomptables goût pour la nature et refus des codes établis et sa chevelure ambrée, doit, pour la fortune de sa famille, épouser un être que l'on dit hideux et balafré. Le dit époux est certes laid mais s'avère une âme d'une beauté unique, un homme cultivé, raffiné, et un alchimiste de talent qui fait trembler les barons du dogme religieux. Dans son château somptueux, elle apprendra à le connaître, l'apprécier, et voir au-delà du physique. La seconde partie s'emballe, se tisse de cabales des jaloux, des ennemis, multiples Malebouche du Roman de la Rose qui tenteront de désunir le couple. Cela débouche sur des péripéties parisiennes dignes des contes de Voltaire et appelle, en fin de métrage, une suite plus picaresque, explorant les hauts et les bas de la fortune, les vicissitudes du monde des hommes, qui rendent l'amour impossible et favorisent le désir.


Un très beau film que d'aucuns jugeront mièvre mais qui figure une page de Dumas teinté de Perrault. Et une belle prestation de la non moins éblouissante Michèle Mercier !

Frenhofer
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le 5 mai 2019

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Frenhofer

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