Alors qu'elle arrive anonymement à Paris Anna, jeune femme dont l'époux est souvent en voyage diplomatique, va peu à peu rencontrer Tony, un américain qui va très vite tomber amoureux d'elle...


À l'image de Sérénade à trois, Ernst Lubitsch met en scène un triangle amoureux mais ici traité avec plus de retenue et moins de légèreté. Il braque sa caméra sur Anna, ses hésitations, sa fragilité, sa relation distante avec son mari et surtout sa rencontre avec Tony, américain qui ne compte pas la lâcher. Un triangle amoureux traité avec mélancolie, romantisme et finesse, même si c'est dommage qu'on ne sente pas aussi proche d'Anna que ne l'aurait voulu Lubitsch. Mais à travers cette histoire, il met en avant la constante fragilité d'un couple, les doutes, l'illusion et les apparences.


S'il réserve peu de surprises et que sa seconde partie est assez convenue, le scénario reste d'une intelligence et d'une finesse rare, notamment dans la première partie qui ne manque pas de magie, avec plusieurs bonnes idées bien exploitées par Lubitsch qui fait preuve d'une grande subtilité dans son traitement des personnages. Mais la qualité d'écriture tient aussi dans ses dialogues où entre quiproquos, jeux de mots et divers démarches de séduction, c'est bien souvent irrésistible, Lubitsch trouvant souvent le ton juste.


S'il commet certains choix douteux dans sa réalisation, notamment vis-à-vis des gros plans, il arrive tout de même à capter les enjeux de ses personnages, leurs doutes et fragilités. Une fragilité que l'on ressent chez Marlene Dietrich qui, comme à son habitude, livre une excellente prestation et dévoile peu à peu les doutes et les dilemmes d'Anna. Angel, qui fut un échec à sa sortie, marqua d'ailleurs un tournant dans sa carrière et une rupture de contrat avec Paramount. Face à elle, Herbert Marshall et Melvyn Douglas sont tous deux impeccables.


Si Lubitsch a déjà réalisé des œuvres plus marquantes que celle-ci, ce serait néanmoins dommage de passer à côté. Bénéficiant d'une belle qualité d'écriture, il met en scène un mélancolique et subtil triangle amoureux, ne manquant ni de charme, ni de romantisme.

Docteur_Jivago
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le 22 avr. 2015

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