Une nouvelle production de J. Apatow qui partait très bien, avec un début accrocheur et de bonnes répliques.


Une nouvelle production de J. Apatow au casting enthousiasmant.


Une nouvelle production de J. Apatow plombée par sa grosse papatte moralisatrice digne des plus dégoulinants épisodes de Ricky ou la belle vie.


C'est vraiment le problème de ce type, qui semble avoir toutes les cartes en main pour faire un film fantastique et qui ne peut s'empêcher de se vautrer dans le tiédasse, de légitimer ses blagues graveleuses par une fin heureuse usée jusqu'à la corde.


Apatow a l'étiquette de faiseur de comédies subversives aux yeux des idiotes du genre Elisabeth Quint, parce qu'il va bourrer ses scènes de blagues où il est question de drogues cachées dans le fion ou de relations sexuelles dans l'inconfort des cagoinces de boîte de nuit huppée. Pour ces sinistres individus, la subversion se cache dans le sexe, qui serait un sujet tabou dans notre société, alors qu'on en parle de manière constante, et en particulier au cinéma (de Kechiche aux sexy comédies lourdingues girly de Camille Chamoux en passant par les frères Farelly). D'A nous les petites anglaises à sa quasi adaptation américaine American Pie, les blagues de zizi sont généralisées au cinoche.


Allez savoir pourquoi certains critiques se pincent le nez devant les blagues en dessous de la ceinture de Bigard, mais vont se délecter des plaisanteries non moins vulgos dans les films de "Juju" et même jusqu'à parler de "jubilation et pourfendeur de morale". Alors que c'est tout l'inverse.


Et c'est d'ailleurs son fond de commerce (avec les blagues de vomi / drogue). Bref il n'y a plus rien de subversif là dedans, depuis National lampoon aux USA, Hara Kiri en France dans les 70's et les Nuls dans les 90's.


La méthode Apatow


Plus je visionne ses productions et plus je constate le cynisme d'un type qui veut cartonner le box office en refourguant des films moyens. Il n'a pas envie d'amener son public vers un truc un peu différent, plus fin, plus original. C'est le roi du film moyen à la fin béate qui cartonne. Et il est content comme ça. Peut-être qu'il est sincère, et que je me fourvoie, peut-être qu'il a le droit car après tout il est producteur, et que son but est de faire de l'argent. Et que je suis juste un grand naïf en m'imaginant que s'il a le goût d'aller chercher des grands talents comiques il aurait le pouvoir de mieux écrire.


Dans sa riche filmo il n'y a que trois projets qui parviennent à créer un miracle de drôlerie constante : Anchorman, Superbad et dans une moindre mesure Step brothers (surtout grâce au duo miraculeux Ferrell / C. Reilly, car on constate, une fois de plus, une fin absolument gerbante de bons sentiments). Le reste est fondé sur une bonne idée, et du remplissage plus ou moins heureux en compagnie d'acteurs valeureux.


Et pondre un scénario à la J. Apatow est à la porté de tout le monde au final. Mozinor avait diffusé une vidéo fantastique sur le système Besson. On pourrait faire quasiment pareil avec Apatow : C'est l'histoire d'un mec qui est en couple, et suite à un malentendu ou à une coucherie sans intérêt dans un état second, s'éloigne de sa copine, son pote rigolo déglingo va entraîner son "buddy" dans la défonce et des embrouilles de dope avec des gens dangereux et/ ou la police, ils vont vomir à un moment donné et se taper des putes idiotes et à la fin le héros se réconcilie avec sa copine parce qu'il comprend l'importance de la vie de couple rangée. FIN.


Des blagues de cul pour les gens un peu bourrins, des romances niaises qui finissent par des embrassades pour contenter les gens sensibles. Voilà la recette Apatow. Ça ne va pas plus loin, on est pas devant Billy Wilder ou même Francis Veber.


Get him to the salle de montage


Et pourtant, j'y ai cru en voyant le début. Je me suis vraiment dit, "ah ça part bien cette parodie de Bono, y a moyen de faire un truc drôle, et puis Puff Daddy est vraiment bon, et y a même Elisabeth Moss". Et puis passé la première demie-heure, l'intrigue s'embourbe, se fait tristement prévisible et les situations faiblardes s’amoncellent pour masquer une intrigue plus que réduite. Le dernier tiers souffre d'un montage assez étrange, comme si des scènes avaient été coupées et qu'on avait voulu simplifier au maximum l'intrigue. C'est probablement pour cela que les réactions de certains personnages ne sont pas crédibles (la scène du ménage à trois, la bagarre avec le père à Vegas...).


Pourtant les fulgurances sont présentes parfois. L'insupportable Russell Brand est parfaitement employé dans un rôle qui lui laisse de la liberté et une crédibilité totale qu'il ne retrouvera certainement plus jamais au cinéma. Et les répliques de Puff Daddy fonctionnent (la tirade sur l'immortalité des rockeurs anglais, son échange avec Pharrell Williams). Encore un beau gâchis... mais certains me diront peut-être que c'est normal qu'il recoure au happy end, qu'on ne peut rien attendre d'une comédie américaine grand publique aux visées œcuméniques... Ils auront peut-être raison, mais je me dis aussi que la comédie de divertissement sans fin horripilante a existé aux états unis (MASH, La folle journée de Ferris Bueller, un jour sans fin, Tropic Thunders, Retour vers le futur etc...).


Peut-être que le jour où Apatow fera des bides et n'aura plus rien à perdre il changera quelque chose à sa manière de modeler les histoires qu'on lui propose. Il n'y a plus qu'à prier pour que le public se lasse des blagues scatos et des hugs finaux. On va devoir attendre encore un peu...

Negreanu
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le 18 juil. 2019

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