Une seule récompense pour six nominations aux Oscars, "American Sniper" est un des grands perdants de cette 87ème cérémonie des Oscars aux cotés de "Boyhood" de Richard Lynklater, aux résultats identiques, et de "Imitation Game" de Morten Tyldum, une seule récompense pour huit nominations. Je n'avais vu pour ma part que "The Grand Budapest Hotel" de Wes Anderson, un excellent film artistique. De plus, je ne connaissais absolument pas Bradley Cooper et le souvenir du seul film de Clint Eastwood réalisateur que j'ai vu, "Million Dollars Baby", s'était largement estompé. Avec ses critiques mitigées, je me lançais donc dans l'inconnu avec une certaine appréhension.
Nous suivons ici Chris Kyle, alias "La Légende", le plus prolifique sniper de l’histoire de l'armée américaine avec 160 tirs létaux confirmés. Ayant vécu dans une famille patriotique n'élevant ni des "moutons", ni des "loups", mais des "chiens de berger", il tentera de devenir cow-boy avant d'entrer chez les SEALS, unité d'élite américaine, en temps que tireur embusqué. Manque de chance, son premier meurtre est celui d'un enfant, le second celui de sa mère. Il fondera une famille avec Taya Kyle, avec qui il aura deux enfants. Elle sera de plus en plus inquiète du comportement de son mari, de plus en plus distant avec elle à chaque retour de mission. Il rencontrera également son Némésis, Mustapha, tireur d'élite syrien, ancien champion olympique travaillant pour l'Irak.
Le film est typiquement un film à Oscars, intrigue simple, personnages classiques, mise en scène académique, le but étant d’être nominé et de rapporter un maximum. Le film est très classique et ne surprend presque jamais. Mais tout n'est pas gris terne, il y a également du blanc et du noir. Le plus mauvais élément étant pour moi Bradley Cooper, qui ne fait ressentir ni empathie, ni antipathie, il dépeint un personnage ni attachant, ni repoussant, ce qui est pour moi pire que tout car on n'a droit ni à un héros, ni à un antihéros, juste un soldat parmi tant d'autres. Certes Clint Eastwood l'utilise de manière inintéressante lors des scènes en Irak, mais lorsqu'il est sensé ressentir une émotion, il en est incapable. Ensuite, le film es trop patriotique, nous montrant des gentils américain contre des méchants irakiens, , en les montrant en train de bien faire sans la moindre erreur et avec compassion. Mais heureusement, ce patriotisme est également un défaut, car pour défendre sa patrie, Kyle abandonne sa famille durant mille jours environ et ne revient que physiquement, une coquille vide. Mais le meilleur élément du film, contrairement à Bradley Cooper, est le personnage de Chris Kyle. Le tireur d'élite est très bien traité et est même assez original. Il se fiche de sa réputation, il n'en est pas spécialement fier, il ne pense qu'à sauver un maximum de personnes.. Même chez lui, il est hanté par non pas par les vies qu'il a ôtées, mais par celles qu'il n'a pas pu sauver, notamment celle d'un enfant tué par perceuse par le "Boucher", un des lieutenants irakiens, bloqué par le tireur Mustapha, ce son le hantera toute sa vie.Quand à Mustapha, son grand rival,c'est exactement Kyle, mais se battant seul. Comme lui, il a une femme et un enfant, mais pas d'amis à protéger. Quand à la mise en scène, il y a une jolie scène, celle du dernier duel de regard entre Kyle et Mustapha, se déroulant le temps d'un tir.
Donc un film assez intéressant, mais à ne pas voir par tout les moyens. Et si vous avez aimez "American Sniper", je vous recommande "Voyage au bout de l'enfer" de Michael Cimino, une histoire semblable durant le Vietnam.