Je me rappelle de la sortie de ce film résumé par le grand frère d’un ami, stimulant mon esprit de collégien en quête de frisson. Les Etats-Unis lèvent les lois sur la criminalité, pendant une nuit, on autorise l’interdit... Qui ne pourrait pas céder à un concept aussi fou ? Encore aujourd’hui, le synopsis produit son effet et mon inextricable attirance pour les « high concepts » horrifiques m’a poussé à franchir le pas du visionnage. Pas d’bol, c’était de la merde.


Le propos de base était intéressant. Il s’agissait de briser des règles. Pourtant, on ne peut pas dire que la réalisation accompagne cette idée : lumière classique, cadrage peu subversif, les scènes de dialogues sont simples, à base d’amorce et de champs-contrechamps sans grande subtilité. On a droit à un film hollywoodien qui présente la famille parfaite des banlieues chics américaines dont les discussions à table frôlent (volontairement ?) la niaiserie.


Mais que ce soit volontaire ou non, certains points exaspèrent : par exemple, le personnage du petit ami, tué dès le premier acte. Absent de la trame principale, nous pouvons en conclure que son rôle n’a servi à rien. Je n’ai pas cessé de penser qu’il allait un jour se relever, en vain. De plus, la caméra télécommandée du fils : non seulement elle est inutilement dérangeante (un bébé mort dont les yeux rouges brillent la nuit pour te filmer, pourquoi donc s’inquiéter…) mais son impact dans le scénario est étonnement mineur. Elle est présentée au début comme un objet qui s’avèrera décisif, elle ne sert finalement qu’à résoudre une péripétie oubliable, dans un enchaînement de scènes aussi mielleuses les unes que les autres. Enfin, le coup du méchant qui s’amuse avec sa victime, avant de brandir son arme et de se faire tuer par un allié qui sort de nulle part, une fois je peux comprendre, mais trois fois ça en devient risible.


Ainsi, entre des screamers un peu cons et une tension assez mal entretenue, le film ne fait finalement pas très peur. Je n’ai jamais réussi à croire à cet univers qui ne cesse pourtant de me répéter l’inverse : le père le dit, les médias le scandent, la Purge « marche ». La population serait plus heureuse, et la criminalité serait quasi nulle. Mais comment y croire si on ne voit pas les relations au quotidien, les 364 jours restants, je n’arrive pas à concevoir le fait que tuer des gens ne provoque pas de représailles. J’ai peur pour l’employé qui a avoué à la radio vouloir tuer son patron. A mon avis, il ne se fera pas réembaucher de sitôt…


En somme, au lieu de regarder ce film, on se tournera plutôt vers d’autres "home invasions" comme Funny Games ou Panic Room, beaucoup plus incisifs et terrifiants. Néanmoins, derrière ces choix de scénarios douteux et cette réalisation bien trop sobre se cache peut-être l’emblème du « classicisme américain », porté par un père de famille pro-second amendement, dont la violence envers la jeune génération (le petit ami) et les minorités (le SDF noir) n’a entraîné que sa propre destruction. Sacré cauchemar.

Antlast1
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le 23 juin 2021

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Antlast1

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