American Gothic
5.7
American Gothic

Film de John Hough (1988)

American Gothic dont l'affiche reprend le célébrissime visuel du tableau de Grant Wood est l'un des tout dernier film tourné pour le cinéma par le britannique John Hough, un réalisateur éclectique dont la filmographie va de la Hammer à Disney avec souvent une orientation assez marquée vers l'horreur et le fantastique (Les Yeux de la Forêt- IncubusLa Maison des Damnés) .


American Gothic s'appuie sur une histoire assez banale avec une bande de jeunes adultes qui après la panne de leur hydravion se retrouvent coincés sur une petite île paumée. Ils vont trouver refuge auprès d'une famille vivant comme en 1920 et dont l'hospitalité est une façade à une réalité bien plus effrayante.


Hormis le faites que tomber en panne d'hydravion est un peu plus classe que la traditionnel panne de voiture ou de van dans un coin paumé et inhospitalier, American Gothic commence de la manière la plus classique qui soit sur une trame qui s'oriente vers le slasher le plus traditionnel. Le début du film est donc loin d'être captivant avec des personnages interchangeables sans épaisseur et une héroïne dont on nous livre d'emblée la fragilité psychologique fertile à un futur pétage de fusibles. Le film s'installe ainsi dans un faux rythme un peu mou à peine propice à la mise en place d'un climat anxiogène. Même l'arrivée dans cette maison hors du temps habitée par un vieux couple bigot et autoritaire n'arrive pas vraiment à faire décoller le film. Il faudra donc attendre l'arrivée des enfants du couples pour que American Gothic prenne enfin une tournure bien plus étrange et parfois jubilatoire. Il faut dire que les garnements persuadés d'avoir une dizaine d'années sont interprétés par des adultes d'un age bien avancé créant un décalage à la fois humoristique et assez flippant. Les trois « enfants » sont interprétés par Janet Wright (42 ans), Michael J Pollard (48 ans) et William Hootkins (39 ans) tandis que leurs parents, réels ou adoptifs, sont formidablement joués par Rod Steiger et Yvonne De Carlo. Les gosses étant les plus psychopathes de la famille il vont s'amuser à tuer (enfin) dans des jeux à priori bien innocent comme la balançoire ou la corde à sauter . Le film s'aventure alors doucement vers un terrain un peu plus glauque et noir avec pulsions nécrophiles et un bébé momifié dont on préférera ne pas spéculer de son origine. American Gothic a donc au moins le mérite de monter crescendo en intensité même si le démarrage sur un interminable faux plat pourra rebuter plus d'un spectateur.


Si du côté des locaux le casting s'en sort parfaitement bien en revanche dans notre bande de touristes perdus aucun personnage ne parvient à sortir vraiment du lot. Quant à Cynthia l'héroïne du film je reste assez perplexe sur sa trajectoire très prévisible dès le départ du film surtout que la comédienne Sarah Torgov, dont ce sera le dernier film, est loin d'être des plus convaincante.


American Gothic démarre lentement puis trouve un plaisant petit rythme de croisière entre humour noir, critique d'un American Way of Life pudibond et traditionnel et quelques petites touches biens senties de malaise. Tout ceci ne vole pas bien haut, mais la fin justifie presque le moyen.

freddyK
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le 21 juil. 2022

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