(Re)Découvrir Nicole Garcia - 1/4 - Amants

‘Amants’ est le neuvième film de Nicole Garcia. L’actrice-metteuse en scène continue son bout de chemin loin de l’air du temps et des tendances contemporaines de mise en scène. Comme pour ses autres films, sa mise en scène est classique, élégante et surtout au service de l’histoire.

Le film se scande en trois partie : Paris, l’océan indien et la Suisse. Trois chapitres qui raconte l’histoire de Lisa (Stacey Martin) partagée entre deux hommes. Le film commence, Lisa est en couple avec Simon (Pierre Niney) qui est dealer. Ils s’aiment passionnément jusqu’au jour ou suite à l’overdose d’un de ses clients, Simon disparaît et l’abandonne. On retrouve Lisa en Océanie où elle est désormais mariée à un riche assureur Léo (Benoît Magimel). Elle finit par retrouver Simon et ils ne se quitteront plus.

Le triangle amoureux est une chose vue et revue, surtout dans le cinéma français. Mais ici, Nicole Garcia réussit le pari de faire un film original sur un sujet franchement rebattu. Car le film est d’une grande richesse scénaristique et psychologique. L’une des bonnes idées concerne la caractérisation des personnages. Ici l’étranger, la personne de trop n’est pas l’amant mais le mari.
Certes, c’est Léo, le mari, qui est en trop et qui entrave le bonheur du couple adultérin mais c’est surtout lui qui est illégitime. Ils s’aiment et c’est comme ça. Les trois personnages ont en commun une profonde solitude. Lisa ne trouve pas sa place, Simon n’a aucune vie en dehors de celle qu’il vit avec Lisa et Léo n’a pas d’autres vie que son travail. Ce personnage d’assureur est d’ailleurs loin du prototype des riches hommes d’affaire que l’on voit souvent. Ici, il peut faire preuve d’une grande dureté mais est capable d’une grande sensibilité.

Nicole Garcia signe un film très riche psychologiquement. C’est une précise étude des relations humaines. Ici, les relations entre humains nuisent à l’accomplissement personnel. L’héroïne ne sera pleinement heureuse que lorsqu’elle se sera extraite de la relation qui l’unie à ces deux hommes. Bien sûr, les inégalités sociales créent un déséquilibre entre les deux hommes. L’argent est ici une question centrale et elle circule allègrement, en cash et en gros montants.

Une fois de plus, la réalisatrice se révèle être une grande directrice d’acteur. J’ai toujours aimé Stacey Martin. Elle est ici faible, diaphane. Magimel sait quant à lui jouer à merveille l’homme puissant et ses failles. Mais c’est surtout Pierre Niney qui a retenu mon attention. Il m’énervait récemment à jour les jeunes mecs cools (dans le dernier OSS 117 ou dans la série Canal + ‘La Flamme’, par exemple). Il s’agit ici de sa meilleure prestation. Il est tantôt lâche, inquiet tantôt transi d’amour. Il livre une interprétation d’une grande subtilité.

Nicole Garcia signe ici un film remarquable sur beaucoup d’aspect et après neuf films, s’avère être une metteuse en scène pleine de maîtrise. Le film est à la fois complexe sur le fond, mais simple en réalité. Il est également riche, plein mais n’est aucunement une overdose pour le spectateur. Chaudement recommandé, donc !