Un film de genre sur la découverte d'attirances "impures" à l'adolescence, pourquoi pas. Il est notamment servi par le jeune acteur principal Nicolás Díaz, qui jouera Nino, avec sa petite mèche très caractéristique, cachant parfois l'un de ses yeux, comme pour dissimuler une certaine face sombre.

On le retrouvera dès le début du film, où il se fera harceler puis casser la gueule par des camarades vraisemblablement homophobes. Pourtant, on ne va pas vraiment se retrouver dans un film mélodramatique, et comme dira le réalisateur lui-même, Juan Sebastián Torales, présent à la projection, il s'agit avant tout d'un film sensoriel. On le retrouvera d'ailleurs avec quelques composantes horrifiques, avec une entité courant hors-champ ici et là, ou présente en arrière-plan, ou encore ce fameux bruitage assourdissant (le mot n'est pas exagéré) dans certaines situations tendues.

On y suivra l'errance de ce cher Nino, qui matera les mecs, ou qui matera Jésus lui-même lors de ses cours de catéchisme. Malgré l'insistance de son prêtre à dire que ceux qui ne repoussent pas de telles attirances sont des branches mortes, le jeune embrassera cette voie, commettra le plus de péchés de chair possible, et se revendiquera "une branche morte". Tout cela notamment dans le but de se faire prendre par l'Almamula (ah oui tiens, c'est le titre du film), une figure mystique notamment présente dans le nord de l'Argentine, qui punit les actes sexuels immoraux, et qui a déjà capturé, parait-il, le petit-fils de la voisine. Quand bien même verrait-on ici une manière de s'affirmer, cela peut aussi être perçu comme une manière de renoncer au monde, avec lequel il n'est pas fait pour.

Le film possèdera une atmosphère limite fantastique. Il se voudra aussi très blasphématoire, en invoquant le péché ultime : se masturber sur le Christ. Les yeux du personnage principal deviendront même très humides quand il découvrira le pénis du Christ.

Bref, un film qui peut décontenancer, qui m'a d'ailleurs décontenancé, en particulier la fin qui m'a paru arriver bien vite. Le réalisateur lui-même affirme que c'est un film très personnel, qui a vu le jour notamment grâce à sa psy, avec laquelle il a fait un travail sur son inconscient. Et je suis assez admiratif qu'il ait réussi à amener un tel projet très personnel jusque-là. Même si, je l'avoue, n'être pas totalement fan du résultat, de par justement son opacité. Il y a tout de même quelque chose de fascinant dans ce personnage, superbement interprété par Nicolás Díaz, qui arrive à montrer une certaine malice et rébellion face aux normes et aux mythes, jusqu'à sexualiser le Christ lui-même.


(Vu le 26 novembre 2023 en VOSTFR au cinéma, pendant le Festival Chéries-Chéris)

On en parle dans le Ciné-florg #63

Tiflorg
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le 5 déc. 2023

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