Etant un grand fan de Valérie Lemercier comme humoriste, comédienne et appréciant sa personnalité, j’ai toujours trouvé que le cinéma était particulièrement ingrat avec elle, en ne lui offrant que des rôles de bourgeoises caricaturaux et toujours identiques depuis son cultissime rôle de Béatrice de Montmirail. A ce jour, deux rôles font exceptions. Tout d’abord son rôle de maîtresse dans ‘Adieu Bethe’ de Bruno Podalydès et son rôle d’actrice dans ‘Fauteuils d’orchestre’ de Danièle Thompson. Comme réalisatrice, c’est un peu pareil. Ça n’a jamais vraiment marché, à part peut-être pour ‘Palais Royal’. Ces deux derniers films étaient peu convaincants. Avec ‘Aline’, Lemercier change la donne. Elle réalise un biopic réussi et réalise une prestation de qualité.
Le genre du biopic est éculé au cinéma, surtout ces dernières années. C’est l’arme des studios pour faire de l’argent et des acteurs pour gagner un oscar (‘Judy’ ou ‘Bohemian Rhapsody’). Parfois les grands groupes français s’y mettent aussi (‘Cloclo’ ou ‘La môme’). C’est rarement réussi tant le biopic musical en passe aujourd’hui par des étapes convenues (la musique découverte à l’enfance, la pratique encouragée par les parents ou un mentor, les débuts, les succès et la rançon de la gloire). ‘Aline’ passe par toute ces étapes mais Lemercier réussit à faire de son biopic un film assez fantaisiste, émouvant et rythmé.
Tout le monde l’aura compris. ‘Aline’ est la version lemercienne de Céline Dion. Tous les personnages ayant marqués la vie de la chanteuse sont ici présents, au nom près. Cela pourrait ne paraître rien. Mais en réalité cela fait tout. Cela lui permet d’avoir la bonne distance et le recul nécessaire. Elle y ajoute de la fantaisie, fictionnalise la vie de Céline Dion. La première fantaisie étant d’incarner ‘Aline’ enfant. C’est un portrait admiratif mais dénué de complaisance, drôle mais sans moquerie. Cela lui permet également en tant qu’actrice de s’offrir une belle performance à jouer. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle s’y donne corps et âmes. Le film sent l’effort mais pas l’effet.
Le film dure deux heures. C’est le temps qu’il faut. Ces deux heures sont idéalement rythmées. La bonne idée est de choisir les scènes, les moments qu’il faut. L’enfance, la rencontre avec Renée, l’eurovision. Certains moments décisifs de la carrière de la chanteuse sont même montrés en quelques minutes (les Oscars). Puisque l’on parle de musique, l’autre bonne idée est de n’avoir choisis que les titres significatifs. Par ailleurs, ils n’apparaissent jamais dans leur intégralité. Un biopic musical n’est pas un long karaoké et Valérie Lemercier le sait.
‘Aline’ n’est pas un chef d’œuvre mais est donc un biopic très bien fait, à la juste distance. Cela fait plaisir de voir Lemercier en très bonne forme et surtout de voir un film populaire d’une si bonne qualité. Ce qui est rare.