Spielberg, Scorsese, Kubrick, Larry David, NWR, Conan O’Brien, Jon Stewart, Chris Rock, David Letterman, Reiner père et fils ... Tous ont un point commun, l’adoration inconditionnelle d’un comique passé complètement sous les radars en France depuis des décennies. Albert Brooks, de son vrai nom Albert Einstein (véridique), est un comique qui a connu succès fulgurant aux USA à la fin des années 60.

Fils d’un comique de second plan et d’une chanteuse, Albert n’est autre que le frère de Bob Einstein (Funkhouser pour les amoureux de Curb your enthusiasm). Popularisé après des passages dans les plus grands talk-shows, Brooks est un phénomène comique au point que dans les 70's Spielberg l’a suivi pas à pas avec une caméra pour l’observer de près et ne perdre aucune de ses interactions avec des quidams dans la rue.

Son style est très teinté d’absurde (le mime bavard, le ventriloque incompétent) dynamique, et névrosé. Bouclé & râblé, Brooks a plus une teinte de footballeur d’un college US que d’un proto Woody Allen ou Andy Kauffman. Et le truc qui frappe en voyant par exemple Lost in America, c’est à quel point son personnage a influencé Jason Alexander dans son interprétation de George Costanza de Seinfeld. Le même débit de mitraillette, ce même regard plissé, cette même névrose de juif new-yorkais, il semble bien que Woody Allen et Larry David ne soient pas la seule source d’inspiration du plus grand personnage de l’Histoire du sitcom US.

Le documentaire HBO est articulé autour d’un échange entre Brooks et son meilleur ami Rob Reiner. Entre extraits de ses films (Real life, Lost in america ou encore ... Looking for comedy in the muslim world qui est un titre incroyable) et interviews de ses fans illustres (Sharon stone, Jonah hill, Sarah silverman...), on a un peu l’impression de voir un faux documentaire sur une star oubliée, façon Forgotten silver.

Brooks ne travaillait pas plus que ça ses interventions dans les show télé, une répétition devant sa glace de salle de bain, et il s’affichait devant des millions de personnes pour les plier en deux. Il a aussi à son actif une carrière au cinéma remarquable. Des rôles dans Taxi Driver, Drive, Le monde de Nemo, A most violent year, la 4e dimension...

Et bien qu’il soit attrayant de découvrir ce personnage, le documentaire est assez plat, dans le sens où Brooks apparaît comme un type absolument conventionnel et sympathique. À la différence de comiques aux destins tragiques et torturés (Andy Kaufman, Lenny Bruce), Albert est un type simple, dont on a envie de découvrir l’œuvre tant elle est saluée par des gens ô recommandables, mais dont la vie manque de romanesque ou de tragédie pour rendre ce documentaire inoubliable.

Negreanu
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le 5 mars 2024

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