Une histoire captivante à suivre

Air est le dernier-né de Ben Affleck en tant que réalisateur, lui qui s’était fait plutôt discret après le mitigé Live by Night en 2016. Pourtant l’acteur s’était construit une solide réputation derrière la caméra avec des œuvres comme Gone baby Gone en 2007 et The Town en 2010. Mais c’est surtout Argo en 2012 qui lui fera connaitre la consécration avec multiples récompenses notamment aux Oscars. Si l’acteur divise quelquefois par ses choix souvent douteux, il n’y a pas de débat en tant que metteur en scène. Et pourtant son dernier film a prouvé que le faux pas n’était jamais loin. Ou bien celui-ci a pris la grosse tête en se contentant du minimum syndical. Toujours est-il qu’il était donc temps de remettre le couvert afin de prouver une bonne fois pour toutes qu’il assure avec la casquette de réalisateur 7 ans après son dernier long-métrage. Il revient donc avec Air qui revient sur la genèse de l’une des collaborations les plus fructueuses qui marquent encore aujourd’hui le monde du sport entre l’équipementier Nike et le basketteur Michael Jordan avec la création des célèbres chaussures Air Jordan. Si le film a été diffusé dans les salles aux Etats-Unis, il faudra pourtant se contenter d’une diffusion plus discrète en France sur plateforme de streaming. Et c’est Prime Video qui a flairé le bon coup enrichissant au passage son catalogue de films. Au-delà de Ben Affleck, qu’on retrouve également devant la caméra, il est accompagné d’un casting solide entre Matt Damon, son ami de longue date, Jason Bateman tout juste sorti du succès de la série Ozark sur Netflix ou encore de la talentueuse Viola Davis. Encore une fois, l’acteur-réalisateur parvient à très bien s’entourer pour nous raconter cette histoire réelle.

Le film nous fait revenir en 1984 en nous rappelant les grands évènements de cette année avec des images d’archive le tout sous un ton très pop et un montage dynamique. Le décor est posé, on fait la connaissance alors du personnage central incarné par Matt Damon qui travaille pour la marque Nike et enchaîne les déplacements à la recherche de la future pépite qui représentera la marque afin de de booster des ventes en berne face à une concurrence féroce. Le film fait le choix de poser sa caméra dans les coulisses des bureaux de l’équipementier qui multiplie les réunions afin de cibler le joueur qui relancera la marque après une année difficile. Suite à plusieurs échanges, c‘est alors que notre protagoniste va lancer le nom de Michael Jordan, personne n’y croit vraiment, le joueur étant trop cher. Il devra faire face aux doutes de ses supérieurs trop frileux d’investir davantage sur un débutant qui n’a jamais joué en NBA. Le film nous happe rapidement par une sincérité évidente sans jamais tomber dans de grosses ficelles et demeure passionnant grâce à son montage dynamique et des scènes de dialogues qui claquent régulièrement. De plus, le personnage de Matt Damon est attachant à suivre dans sa quête presque impossible. Le traitement du personnage allié au talent de son acteur participe grandement à la réussite du film. Convaincu du succès de cette collaboration, il va tout faire pour convaincre ses pairs et devra faire face également au refus de la star de basket de porter les chaussures de la marque. Contre l’avis de ses collègues, il va pourtant aller jusqu’à rencontrer directement ses parents afin de le faire changer d’avis. Même s’il agit de business, sa passion et son envie d’arriver à ses objectifs font plaisir à suivre jusqu’à la rencontre fatidique qui va tout changer. Il est intéressant de voir comment lui et aussi les autres artisans de cette future collaboration vont tout faire pour convaincre Michael Jordan et ses parents. Le film prend le choix de ne pas mettre la star en pleine lumière et reste focalisé sur les différents échelons qui ont permis de mener à la signature entre les deux parties. On reste donc intégralement du côté de Nike. On peut tiquer sur le traitement un peu trop gentillet de la marque, le spectateur n’est pas dupe, tout est question de business, enfin passé ce choix, cela n’enlève en rien notre plaisir pendant ces deux heures. On apprécie ce côté humain dans ces négociations, le film suit essentiellement son personnage principal mais n’en oublie pas d’apporter un regard sur les autres collègues qui l’accompagnent à commencer par le personnage de Jason Bateman avec une prestation sobre et parfois touchante. Globalement, le film constitue un bon divertissement, on pourra regretter qu’il se monte un poil trop bavard durant certaines séquences et des allures de conte de fées avec un schéma narratif prévisible. Quelques maladresses qui n’enlèvent en rien notre plaisir global, n'oublions pas pour finir une musique très 80’s et des références à cette période qui confirment cette volonté de sincérité.

Ben Affleck renoue finalement avec le succès avec Air et si ce dernier risque de ne pas avoir l’aura d’un Argo ou de The Town, il confirme qu’il demeure bien un réalisateur talentueux. Il propose ici une vision de l’un des évènements fondateurs dans le monde du sport et même si certains de ses choix ne sont pas toujours les plus réussis, il offre un récit captivant à suivre avec cette bataille marketing, ce qui n’était pas chose aisée et se repose aussi beaucoup sur les épaules de Matt Damon qui prouve également qu’il est toujours présent malgré des films plutôt discrets ces dernières années. Air est un film feel good qui fait tout simplement du bien.