Tel une Air Max ce film marche sur du vide. Air est un cours de marketing sportif où la finalité est plus de convaincre ses patrons de donner plus de budget et de laisser Sonny Vaccaro le dépenser comme il l'entend que de convaincre une star en devenir. Car le film joue sur ce que nous savons déjà de Michael Jordan, mais ne nous le démontre pas — à ce stade ce film est de l’ambush marketing. Si on exclut ce qui s'est passé par la suite de l'histoire, le film montre juste des gars qui font leur job ; est-ce qu'il y avait matière à en faire un film ? Même le bref passage sur la conception de la mythique chaussure tourne très vite autour d'une histoire d'argent car il faut d'une part investir dans une ligne spéciale et d'autre part payer les amendes qu'elle va occasionner… Le film est donc une belle ode de la réussite entrepreneuriale à l'américaine. D’ailleurs Michael Jordan est absent de ce récit, dans un artifice de mystification complètement gratuit.
Outre son scénario assez fin, le film ne peut malheureusement pas compter sur son art et sa manière. Dans son besoin compulsif de rappeler aux spectateurs qu'on est dans les années 80 — car la nostalgie fait vendre — il enchaîne les citations de 30 secondes max des hits musicaux de l'époque sans forcément faire sens à l'image. Il y a aussi ces plans un peu ubuesques avec des employés qui jouent à des consoles portatives ou au Trivial Pursuit, ce qui laisse penser que chez Nike on glandait pas mal.
Certes les acteurs ne sont pas mauvais mais leurs protagonistes sont peu développés et ils ne peuvent pas y apporter grand-chose, si ce n'est encore une fois un amour du consumérisme comme dans la séquence ou Jason Bateman parle de sa relation avec sa fille. On aurait pu raconter plein de choses sur Nike ou sur le marketing sportif, même ce qui est raconté à la fin dans les cartons semble plus intéressant, mais Ben Affleck préfère une histoire consensuelle et creuse.