Sophie se remémore les instants de bonheur partagés et la nostalgie intime des vacances qu'elle a passées avec son papa il y a vingt ans. Les souvenirs, à la fois réels et imaginaires, comblent les espaces entre les enregistrements de son miniDV, tandis qu'elle essaie de concilier l'image du père qu'elle a connu et celle de l'homme qu'elle ignorait.


Aftersun débute avec une vieille vidéo de vacances, comme celles que l'on connaît si bien. Une petite fille enjouée filme son père, qui évite ses questions. La séquence est amusante et se déroule jusqu'à ce qu'elle soit brusquement mise en pause. Dans le reflet du téléviseur, on voit une femme, probablement la même petite fille, désormais plus âgée, regarder l'image figée. Le silence et les tons sombres, bleutés et froids suggèrent la distance qui la sépare de ces fragments du passé. Elle espère retrouver dans ces vidéos quelque chose du temps perdu, mais ne trouve que des souvenirs lacunaires en basse définition. Charlotte Wells nous offre une série émouvante de réminiscences qui tentent de se rapprocher des émotions et des visages du passé des personnages.


"Si tu pointes la caméra suffisamment longtemps sur quelque chose, elle captera mieux la lumière."


C'est vraiment fascinant de voir comment Aftersun capture toute la fragilité et la beauté des moments silencieux. Les scènes qui semblent anodines sont remplies de gestes et de regards qui murmurent ce qui ne peut être dit verbalement. Le film est d'une grande délicatesse et suggère les secrets qui restent tus, pouvant être dévastateurs. Même si Sophie ose poser certaines questions révélatrices, elles sont semblables à celles qu'un enfant poserait sans mesurer la souffrance qui se cache derrière. En tant qu'adulte, Sophie apparaît brièvement dans des flashforwards, regardant ces vidéos de vacances et cherchant à reconstituer un puzzle mental pour trouver des réponses. Cette période estivale, en apparence dorée, évoque peut-être le moment charnière de son passage à l'âge adulte, où elle a vécu son premier béguin et expérimenté les interactions avec les jeunes hommes. Malgré les années qui ont passé depuis cette excursion en Turquie, Sophie reste déroutée, incapable de compléter ce puzzle, de trouver des explications tangibles, et de dévoiler ce que ces images immortalisées ne lui révéleront jamais, comme le fait de ne jamais avoir revu son père par la suite.


La bande originale est juste et splendide, et que dire des couleurs, comme le dit Sophie, "J'aimerai avoir du jaune partout "

R0mzi
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le 29 nov. 2023

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