Dans un lointain futur, l'humanité a migré sur une planète sauvage et tout le monde a commencé à se couvrir de fourrure. Les hommes sont morts parce que les poils "ont poussé à l'intérieur", et ne restent donc que les femmes qui sont toutes lesbiennes par obligation et perpétuent l'espèce par.. scissiparité ?


Roxy est une adolescente solitaire que ses copines appellent Toxique. Elle va le répéter un paquet de fois au début du film, comme si c'était important, mais on ne saura jamais vraiment pourquoi c'était pertinent. Si vous vous arrêtez à ce genre de détail, vous n'allez pas être déçu du voyage. Bref, Roxy se balade sur la plage et trouve une tête qui dépasse du sable. Il s'agit de la sorcière Kate Bush (oui, comme la chanteuse qui ne veut pas que vous utilisiez de téléphone pendant ses concerts), une MILF avec une drôle de tête, un bras couvert de fourrure, des mains griffues dégueulasses et une énorme libido.


Kate Bush promet d'exaucer trois souhaits si Roxy la sort de là, et se garde bien de préciser qu'elle est une dangereuse criminelle qu'on a enterré là pour la faire expier. Une fois la sorcière déterrée, les deux femmes commencent immédiatement à se caresser l'une l'autre, mais il y a plus urgent. Kate Bush dégaine un fusil et assassine les trois copines de Roxy qui étaient parties se baigner en se roulant des pelles dans l'écume. A partir de là, tout le monde déclare : "il faut tuer Kate Bush" et vous entendrez cette phrase environ 78 fois dans le film, au point que j'en ai fini par me demander si tout ça n'était pas qu'un fumeux prétexte à une vendetta contre l'interprète de Babooshka.


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Pourquoi je vous raconte tout ça ? Vous allez bientôt comprendre, c'est important. Roxy est désormais persona non grata et se cache sous le plancher de sa mère. Elle se masturbe souvent en repensant à l'émoi provoqué par sa rencontre avec Kate Bush, et aussi parce qu'elle est un peu chaudasse. Paula Luna (sérieusement ?) l'actrice qui l'incarne - que dis-je ? La bite - va d'ailleurs passer le film à gémir, haleter et faire mine de jouir, pour bien montrer que son personnage aime les plaisirs saphiques et solitaires.


Et il est temps de parler un peu de Bertrand Mandico, le réalisateur Toulousain coupable de ce bordel. Adepte de films expérimentaux, il avait manifestement une énorme trique pendant tout le tournage car j'ai rarement vu un film aussi chaud de la bite. Ce n'est assurément pas la dernière fois que je parlerai de bite dans cette critique et c'est tout ce que j'avais à dire sur Mandico dont j'ai hâte de ne surtout voir aucun autre film.


Pendant que Roxy se chauffe sous le plancher, le conseil du village rend visite à sa mère, la coiffeuse. Il faut savoir que dans un monde où les femmes se couvrent de poils, être coiffeuse est une fonction importante. D'ailleurs, on ne manquera jamais de le rappeler pendant le nombre improbable de scènes de rasage que le film va aligner durant ses interminables 2h07.


After Blue, c'est 30% de lesbiennes qui se galochent, 30% de dialogues abscons et prétentieux écrits sur un coin de bar un soir de biture mais surtout 40% de meufs qui s'entre-rasent les épaules, parce qu'elles ont toutes les épaules poilues, et ça repousse très vite. A côté de ça, le foot-fetish de Tarantino, les couples qui font l'amour dans des carcasses de voitures accidentées dans "Crash" ou les vagins dentés de "Teeth" : tout ça vous semblera bien fade comparé à cette orgie de poils et de rasages érotiques avec des lames en néons.


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Il faut tuer Kate Bush, alors la mère et la fille partent dans une grande épopée, dans des décors en carton-latex à mi-chemin entre Star Trek et Téléchat. Ces décors fluos avec des formations rocheuses informes et des plantes bizarres, c'est la plus gr-- c'est la seule force du film. Mandico est allé au bout de son délire visuel et se fait vraiment plaisir avec les décors. Plutôt que tomber dans la facilité du numérique, tout est solide, fauché mais solide, et ça ne ressemble vraiment à rien. Si seulement toute cette créativité était mise au service d'un projet moins foutraque.


Zora, la mère, est jouée par Elina Löwensohn qui commet la performance la plus gênante qu'il m'a été donné de voir sur grand écran. Elle parvient même à éclipser Paula Luna et ses orgasmes à répétition. L'hallucinante médiocrité du jeu est renforcée par une lubie du réalisateur qui n'enregistre aucun son ni voix pendant le tournage et fait tout en post-prod, y compris demander à ses actrices de se doubler elles-mêmes. On a donc droit à un film français doublé en français par des actrices respectivement Allemandes et Roumaines qui se doublent elles-même en galérant méchamment sur la synchro labiale.


Il en résulte un style résolument novateur où les actrices donnent simultanément l'impression d'improviser leur texte tout en le lisant tellement mécaniquement que je m'attendais parfois à ce qu'elles prononcent "virgule", ou à entendre dans le micro la page qui se tourne.


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Pendant que Roxy se masturbe derrière un rocher en plastique, Zora rencontre la sorcière Sternberg, incarnée par Vimala Pons qui ne lit pas son texte mais semble débiter toutes les conneries cosmico-existentialistes qui lui passent par la tête après une soirée trop arrosée. Sérieusement, je suis convaincu qu'aucun de ses dialogues n'étaient écrit et que la pauvre était en roue-libre totale.


Entre deux tirades de jargon imbitable, elle roule des pelles à Zora qui sort son rasoir et lui rase sensuellement les épaules. Un peu plus tard, on arrive chez Sternberg qui vit avec un androïde, seul membre masculin du casting, et quand je parle de membre, je parle bien sûr de bites. L'androïde n'a d'androïde que le nom, puisqu'il a l'air tout à fait humain, si on omet son octuple pénis en latex.


A la vue de cette pieuvre phallique, Roxy n'attend pas qu'on lui paye un verre et zappe la causette pour foncer vers la braguette. Les deux batifolent dans une ambiance de néons et de paillettes au cours de laquelle le téton de l'androïde se détache pour se transformer en une bille d'acier qu'il offre à sa jeune amante.


Pendant ce temps, Zora et Stenberg ont fini à poil dans un Jacuzzi et on a vu passer un cheval zombie sanguinolent chevauché par hheu... Kiffer et Climax ? Des chasseuses de prime qui se joignent à la traque de Kate Bush ? Vous m'excuserez si les détails m'échappent, j'avais déjà perdu un paquet de santé mentale.


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Roxy se paluche dans la forêt en utilisant le téton en métal et découvre qu'elle est amoureuse de l'androïde. Ce dernier lui offre une toile de maître mais ce n'est pas du goût de Sternberg qui menace de la flinguer avec son fusil Gucci parce que le film s'est subitement transformé en western.


Roxy rend le tableau, Kiffer et Climax font semblant de tuer Kate Bush qui est venue visiter Roxy en cachette pour lui donner quelques orgasmes en souvenir du bon vieux temps et... je commence à fatiguer, mais je pense que vous avez compris l'idée.
Ah non, attendez, dans la forêt, il y a aussi un énorme monstre en plastique avec un anus hérissé de crocs à la place de la tête. Quand Zora le rencontre, elle tombe sous le charme et fourre sa tête dans le trou pour se faire recouvrir de fluides visqueux. Quand je vous dis que Mandico a une énorme gaule et des fantasmes non conventionnels, ça ne s'arrête pas aux scènes de rasage.


Parce que je n'ai pas détaillé toutes les scènes de rasage, mais Zora a été TRÈS occupée. Et que je te rase Roxy, Kiffer, Kate Bush, approchez-vous les mordus du poil, on explose les prix sur le poil. Même les chevaux portent des perruques.

Ezhaac
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le 3 févr. 2022

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Ezhaac

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