Affreux, sales et méchants par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Nous sommes dans une baraque sordide construite de planches vermoulues située au milieu d'un bidonville avec vue sur le Vatican. C'est dans ce cadre ignoble que vivent comme de véritables gorets Giacomo, le patriarche et sa nombreuse tribu : femme (s), enfants, gendres, belles soeurs et autres... .Ces personnages tous plus crasseux, vils et vulgaires les uns que les autres sont entassés dans leur masure en vivant de rapines, combines en tous genres,de viols en famille et de beuveries. Le but de cette smala est d'essayer d'empoisonner Giacomo, lequel est sensé cacher un magot sous son matelas. Mais le patriarche, méfiant et soupçonneux, le protège armé d'un fusil toujours prêt à servir.


Ettore Scola nous propose avec ce film une peinture d'une société complètement marginale, bestiale et comportant à peu près tous les vices et les défauts existants. Leur vie commune ne comporte aucune règle, ils vivent d'instincts et d'impulsions. Le réalisateur nous prouve jusqu'à quel point la misère peut générer des êtres ignobles et dangereux. Il nous montre que l'inégalité sociale fabrique de véritables bombes à retardement en créant des êtres irresponsables ayant perdu tout scrupule.


Face à ce véritable gâchis humain, Ettore Scola oppose comme symbole face à ce bidonville le Vatican, noble et somptueux, malheureusement inaccessible pour les plus déshérités privés de bonheur, de justice et d'égalité. Certaines scènes sont absolument inoubliables telle la tentative d'empoisonnement du père par sa famille mais également la séquence où Giacomo s'administre un lavage d'estomac à l'aide d'une pompe à vélo... mémorable.


Pour en arriver à une telle ambiance dans cette pétaudière il fallait une interprétation à la hauteur et Nino Manfredi est splendide dans son personnage se comportant tel un coq au milieu de son poulailler. Les autres actrices et acteurs de ce films sont très crédibles dans leurs rôles de loqueteux... affreux, sales et méchants.


Ce film porte un regard terrible sur le contraste de notre société creusant un énorme fossé entre les riches et les pauvres. Elle favorise l'extermination des plus faibles en les isolant et en les ignorant. De ce fait, leur monde devient plus dangereux et plus vil que la société qu'ils rejettent. Cette oeuvre est traitée sous forme de comédie noire et sordide, on rit des agissements hors du commun de cette tribu, mais attention ce message d' Ettore Scola n'est pas une fiction mais un avertissement à tous.

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le 4 mai 2013

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