Nous allons oublier M Haffmann

Ce film est un huis-clos à 3 entre M Haffmann, bijoutier juif de génie, Mercier, raté patenté qui convoite trop ce qu’il n’a pas, et sa femme, petite chose fragile qui accepte les vices de son mari.
Le sujet de la collaboration et de la spoliation des juifs, face sombre de l’histoire de France, aurait dû porter ce huis-clos vers des sommets. Mais le prérequis pour cela est d’avoir un scénario crédible et des personnages complexes et attachants.
Ainsi on regrettera la simplicité de l’intrigue, polluée par une histoire de pseudo-stérilité de Mercier qui a la brillante idée de demander à son ancien patron de 70 ans de faire un enfant à sa place : cela vient atténuer superficiellement la cupidité de Mercier, seul moteur qui le pousse à tout prendre à ce gentil petit vieux juif.
On regrette donc que le scénario ne creuse pas davantage la montée de la tension entre les deux personnages principaux, alors que l’un se jette dans les bras des riches nazis et que l’autre est terré dans le sous-sol pour produire des bijoux magnifiques grâce à des pierres volées aux juifs. C’est trop binaire.
On ne retiendra donc pas grand-chose de ce film, à peine plus l'interprétation des acteurs qui me semblent soit sur-jouer pour masquer un personnage peu profond (Lellouche ou Giraudeau), soit être éteint à l’écran avec un personnage sans aspérité (Auteuil).
Enfin le coup de théâtre final est ridicule et trop convenu. Attention spoiler : l’arroseur va être arrosé…