L'origine théâtrale d'Adieu Monsieur Haffmann se voit clairement tout au long de l'adaptation de Fred Cavayé mais ce n'est pas de ce huis-clos dont on se plaindra de prime abord, propice à quelques échanges attendus entre Haffmann le bijoutier juif, et Mercier, son employé devenu patron, en cette sinistre année 1941. Il y avait matière à espérer des dialogues nourris et subtils entre les deux protagonistes mais ce sont le plus souvent des silences qui peuplent leur dialogue, qui se veulent éloquents, cela va sans dire. Entre Le dernier métro et Lacombe Lucien, l'un pour la situation de confinement, l'autre pour la psychologie évolutive vers l'ignominie, avec un peu de Monsieur Klein pour les ultimes scènes (pas très crédible hélas, le dernier coup de théâtre), le film ne se hisse évidemment pas au même niveau des œuvres citées, on n'en espérait pas tant, mais il était permis d'espérer mieux, si ce n'est que Cavayé n'a peut-être pas les épaules ou le tempérament pour traiter un sujet aussi lourd. Le scénario est insatisfaisant avec en outre une histoire d'attente de maternité peu convaincante mais c'est la mise en scène qui fait surtout peine à voir, incapable d'installer et d'instiller un peu de tension dans le rapport entre les deux personnages principaux. L'interprétation rattrape un peu l'affaire, heureusement, celle de Lellouche plus que celle d'Auteuil, mais surtout celle de Sara Giraudeau, qui se sort remarquablement d'un rôle complexe, avec une finesse qui manque beaucoup au restant du long-métrage, presque aussi gris que l'époque qu'il dépeint.

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le 12 janv. 2022

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