Roy McBride, astronaute de son état, est le fils de l’illustre Clifford McBride. Et pourquoi Clifford est-il célèbre ? Parce qu’il a été à la tête d’une expédition visant à déterminer si une autre forme de vie intelligente existe quelque part. Il a déjà cherché sur NRJ12, sans succès alors il est parti jusqu’à Neptune. Et plus de nouvelles. De là-bas, il semblerait que son vaisseau envoie des ondes d’énergie qui sèment un sacré bordel sur terre. Bref, le fils est chargé d’aller retrouver le père pour régler ça. Le truc qui frappe en premier dans ce film, c’est son esthétique. On tient là un objet qui nous rappelle la SF de 2001, l’Odyssée de l’Espace. L’année dernière, First Man avait fait le même coup mais celui-ci s’était perdu dans une beauté creuse de papier glacé. Ici, la beauté des images s’associe à un formidable travail sur le son pour délivrer une puissance toute en retenue assez jubilatoire. De ce fait, la violence, présente dans le film par touches, excite autant qu’elle effraie car elle est soudaine et éclatante. A la manière d’un film de Michael Winding Refn. On le sait, la SF, c’est souvent parler de l’autre pour parler de soi et parler de l’ailleurs pour parler de l’ici. C’est aussi explorer l’extérieur pour trouver des réponses aux questions de l’intérieur. Roy, notre héros se retrouve donc à enquêter sur un père dont il se rend compte qu’il le connaît mal. Clifford, le père, est parti au ciel depuis si longtemps que Roy, le fils n’a que des souvenirs parcellaires auxquels il ne peut se fier. En fait, tout le monde connaît son célèbre père mieux que lui. Et surtout, tout le monde connaît le héros. Gratter le vernis de cette célébrité, c’est prendre le risque de faire connaissance avec un homme plus sombre que les fables qu’on a raconté. A fortiori quand la fable est nappée de secret défense. Au fil de son voyage, Roy va devoir comprendre son père et enfin accepter sa disparition. Tuer le père ou couper le cordon. Tout ça littéralement. Se perdre pour toujours pour se retrouver soi enfin et être capable de vivre sa vie parmi les autres. Encore une fois, c’est dans le vide sidéral que l’homme se remplit de matière et d’énergie.Brad Pitt est parfait dans ce rôle de fils perdu et d’homme incomplet. Son regard bleu se perd à merveille dans la profondeur de l’espace et il reflète merveilleusement la pâleur de la Lune. Le père, c’est un Tommy Lee Jones fatigué et habité. A noter que la musique de Max Richter est proprement somptueuse et immersive, une musique électronique minimaliste propice à l’introspection. Tout ça pour dire qu’il faut se jeter sur Ad Astra dès que l’occasion se présente !

Konika0
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le 3 août 2021

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