Ma critique à lire sur mon blog : http://reglisseaupaysdesmerveilles.blogspot.fr/2017/01/a-mon-age-je-me-cache-encore-pour-fumer.html


Suite au succès de sa pièce de théâtre du même nom, Rayhana a pris le temps pour l'adapter au cinéma. Souvenir abominable pour l'auteure d'origine algérienne réfugiée en France depuis les années 2000 : son agression avec insultes et aspersion d'essence dans le 11e arrondissement en 2010 pour le propos engagé de sa pièce. La question qui émerge est la suivante : quel est l'intérêt de transposer une œuvre théâtrale sur grand écran ? Sa productrice souligne que « si une pièce de théâtre dérange autant, alors cela devient impératif de la mettre sur les écrans afin de diffuser davantage ».


À mon Âge je me Cache encore pour Fumer raconte l'histoire de femmes algériennes en 1995, durant la décennie noire, à savoir une époque de tension, d'attentats terroristes, d'agressions sexuelles... L'action se déroule dans un huis clos, un hammam, qui représente l'unique espace où la parole est libre pour les femmes. C'est dans ce lieu interactif que se retrouve une galerie de personnages féminins extraordinaires qui portent leur histoire et leur passé comme un poids sur leurs épaules. On s'immisce dans l'intimité de ce groupe où vierges, amantes, mères ou exaltées islamistes proposent des moments de joie, des moments de ferveur mais aussi des moments de drame. On retrouve l'aspect théâtral avec des dialogues vivants et de nombreuses répliques qui font mouche comme le divorce, synonyme de « certificat d'indépendance ». Ragots, potins de quartier, histoires fantasmées, l'histoire dépeint la réalité quotidienne de ces femmes qui vivent dans une société qui les réduit à de simples objets. Dans le hammam, rêver d'un avenir meilleur est possible. Malgré les tensions, les douleurs du passé, ces femmes au tempérament bien trempé continuent à vivre, danser, rire et espérer.


Censuré, le film dérange pour ce qu'il dénonce et l'espoir qu'il procure. Ce genre de film rapprochera les hommes des femmes. Universel, le questionnement est identique à celui du lendemain du Bataclan. Il faut continuer à avancer et vivre face à l'islamisme radical malgré les derniers attentats. Standing ovation méritée dans la salle comble du Multiplexe pour Rayhana et sa troupe de femmes extraordinaires.

thomaspouteau
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le 9 févr. 2017

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