Film passé relativement inaperçu malgré son trio de têtes d'affiche, "A la petite semaine" se révèle pourtant une jolie surprise, que je suis ravi de mettre en avant à travers cette critique.
Entre comédie sociale et film de gangsters, cette chronique d'un quartier populaire de la première couronne (Saint-Ouen) alterne en permanence entre drôlerie et gravité, le réalisateur et scénariste Sam Karmann parvenant à trouver une tonalité qui lui est propre.


Après le succès de son premier long-métrage "Kennedy et moi", Karmann choisit d'écrire avec Désir Carré, un ancien détenu qui connaît bien l'univers des petites frappes qu'on croise dans les PMU de banlieue parisienne : de fait, les dialogues sont particulièrement soignés, riches d'un argot local qui perpétue la tradition française des Audiard et autres Simonin - mais dans un style plus sobre.
A cet égard, dommage que la prise de son médiocre fasse perdre au spectateur un certain nombre de répliques.


"A la petite semaine" suit donc la trajectoire de trois petits voyous parvenus à la croisée des chemins, et confronté chacun à une problématique différente : le personnage de Gérard Lanvin sort de prison et semble décidé à se ranger, celui de Jacques Gamblin s'adonne secrètement à sa passion du théâtre, tandis que Clovis Cornillac incarne un costaud flambeur et pas très futé.
Ce dernier personnage est hélas le moins convaincant, trop chargé à mon goût.
Gamblin signe a contrario une prestation remarquable dans la peau de ce loser magnifique, le regard empreint de candeur et d'exaltation, tandis que Lanvin fait preuve d'une grande sobriété.


Fidèle à son concept, Sam Karmann parsème sa chronique de nombreux seconds rôles pittoresques, autour du bistrot-PMU tenu par Roger (Philippe Nahon) et sa bourgeoise (Josiane Stoleru). Ces personnages souvent truculents bénéficient d'un soin particulier et d'une interprétation à l'avenant, composant un arrière-plan authentique et coloré.
On croise ainsi parmi la faune locale Jean-Pierre Lazzerini, Jean-Paul Bonnaire ou Etienne Chicot.
Les femmes ne sont pas oubliées, à l'image de Florence Pernel, Julie Durand ou Liliane Rovère, émouvante en mère aimante et désabusée.


On regrettera toutefois un certain manque d'intensité au niveau de l'intrigue, et un dénouement assez quelconque, mais "A la petite semaine" reste un petit film très attachant, à découvrir impérativement pour ceux qui sont sensibles à ce type d'ambiances.

Val_Cancun

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