Der Krieg ist gar nicht vorbei

Le célèbre roman d'Erich Maria Remarque, devenu rapidement un ouvrage de référence sur la Première Guerre Mondiale, n'avait étonnement connu que deux adaptations jusque là. Un film américain de 1930, et un téléfilm, américain également, en 1979. Il aura fallu attendre 2022 pour voir les Allemands en tirer une adaptation, ambitieuse qui plus est.

"Im Westen nichts Neues" nous fait donc suivre l'histoire de Paul, un lycéen allemand qui décide de s'engager sur le front en 1917. Méconnaissant totalement la réalité des tranchées, abreuvé des discours propagandistes et nationalistes de ses professeurs, il enfile l'uniforme avec grand enthousiasme. Evidemment, il lui suffira de quelques heures pour déchanter...

Je vais aller droit au but : le seul vrai défaut du film est sa durée. Dans la mesure où il ne propose pas vraiment d'intrigue, mais plutôt une chronique, et où les 2h30 semblent parfois un peu trop pour un tel récit.

Néanmoins, tout le reste est assez saisissant. La mise en scène captive immédiatement, filmant de grandes étendues paisibles ou des forêts silencieuses avec une sublime photographie, souvent hivernale. Et nous plongeant rapidement dans le charnier des tranchées.

Couleurs ocres et grisâtres provenant de la terre retournée et des uniformes sales. Mort omniprésente. Affrontement sauvages, au cœur de séquences de bataille particulièrement réussies. Citons le passage cauchemardesque avec les chars, chose relativement rare dans les films ayant traité ce conflit.

La réalisation s'essaie même à quelques petits traveling audacieux. On ne va pas se mentir, "1917" est passé par là en 2020, et fait désormais office de référence question traveling et plan-séquence dans les tranchées. Mais ce serait faire la fine bouche que de les dénigrer ici !

Le tout emballant un récit presque documentaire, évoquant de nombreux détails de la vie au front. Et porté par des acteurs très convaincants, ainsi qu'un petit rôle tenu par la super star Daniel Brühl (qui est également producteur). Sans compter la BO anachronique qui fait son petit effet.

Enfin, le film demeure, à l'image du livre, une œuvre profondément anti-militariste. Démontrant que c'est autant l'extrême violence que l'absurdité de cette guerre de position qui anéantit physiquement et psychologiquement ces hommes. Un message qui s'applique encore aujourd'hui, surtout quand on voit les conflits militaires majeurs revenir en Europe...