Je vais commencer par ce qui est évident mais qui doit tout de même être souligné : le film n'a pas de suspens, on sait, comme dans tous les films de ce genre, que les filles chanteront bien, que le protagoniste y trouvera son compte, que tout ira bien pour tout le monde.


Maintenant cela étant dit, parlons de la façon dont les choses sont traitées, certaines peuvent sembler être un défaut alors qu'après réflexion pas vraiment.
D'abord, les personnages ne sont pas développés c'est un fait. Ce qui sonne comme une énigme pour le personnage principal est juste du mutisme pour les femmes incarcérées. À un certain moment on en apprend même plus sur la vieille dame qui héberge Luc (le protagoniste) en 2 minutes qui sur les autres femmes en 1h40. Cependant cela a deux qualités, la première, le film ne joue pas sur le sentimental à essayer de nous tirer une larme toutes les 30 secondes comme c'est trop souvent le cas dans ces films. La seconde et principale, cela traduit la volonté du personnage de garder ses distances avec ces femmes, il garde leurs histoires dans l'ombre et par conséquent son investissement total également.


Cela rejoint alors la morale que j'ai tirée du film, pendant tout le long on se dit "mais c'est pas possible ce gars vient juste faire sa BA pendant 1h40 ?" et il s'avère que oui et ce n'est finalement pas un problème non plus. Le film joue clairement là-dessus de par ce que j'ai dit juste au-dessus, il garde ses distances ce qui témoigne qu'il vient juste prendre ce qu'il a à prendre. Mais aussi de par l'élitisme de son milieu invoqué plusieurs fois, quand le garde ne reconnaît pas un diapason, quand on le traite de raciste quand il parle d'accent, les autres paraissent idiots à coté de lui et ce n'est à aucun moment relativisé. On a aussi la scène du parloir on il s'en prend plein la gueule par le Sasuke de l'histoire à cause hypocrisie jusqu'à ce qu'il admette sans concessions, quelques scènes plus loin, qu'elle avait raison. Et finalement, cela ne change rien au fait que Luc à su retrouver son chant, ce pourquoi il est venu, il s'est racheter une conscience, sans que cela n'empêche aux femmes détenues d'évoluer également et de prendre ce qu'elles avaient à prendre aussi. Ne pas avoir peur de faire du bien aux autres pour se faire plaisir à soi, c'est la plupart du temps le cas de toute façon.


D'autres zones d'ombre sont encore à énumérer cependant. Au vu du titre on pourrait se dire qu'il va traiter de féminisme, d'enjeux liés au sexe féminin, ce genre de choses. Pas du tout. Cela pourrait être vu comme quelque chose de volontaire, après tout on peut parler de femme de façon complètement neutre, et ce serait bien normal. Cela va sans dire que ça ne s'entend pas au vu de quelques scènes complètement foirées qui sont des ébauches de ce genre de sujet. On a la scène du cuni qui est totalement illisible, et pourtant vous l'avez vu je trouve sûrement du sens où il n'y en a pas mais la c'est juste un gribouilli. On a aussi l'évocation furtive de l'IVG par une gardienne désabusée, on aurait aimé un peu approfondissement dans ces sujets si vous choisissez de les citer.
En matière de scène ratée on a aussi cette métaphore de l'escalade de la petite bute claquée au sol, celle-là aurait mieux fait de rester à l'ombre.


En somme, des bonnes idées et des ébauches de scènes pas exploitées pour un film tout de même lent il faut le dire alors qu'il ne dure que 1h40. Avec comme bonne note tout le long du film, l'acting sobre et efficace d'Alex Lutz.

Diaseptyl
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le 19 avr. 2022

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