Après tant d'attente, j'ai enfin pu déguster un des films que j'attendais le plus. Cronenberg a toujours été un cinéaste de l'humain, déclarant qu'il n'était pas nécessaire de chercher l'ennemi sur une autre planète: l'homme est suffisameent compliqué et ambigu pour servir de conflit. Ainsi, après avoir fait le tour (?) de la chair humaine, le réalisateur s'est attaqué à l'esprit (depuis Crash en fait, Dead Zone pouvant être considéré comme le point charnière puisque dès lors David ne fera plus que s'enfoncer profondément dans la démence mentale, la mouche y compris); A dangerous Method semble être son exploration de l'esprit la plus avancée délaissant l'écorchement du corps (une entaille reste néanmoins).

Le scénario du film est dense. Très dense. Trop dense. Non pas qu'il nous assome en discours pédants, bien au contraire; tout reste toujours intelligible et accessible au quidam ordinaire. En fait, le soucis, c'est qu'on ne sort jamais de l'histoire, le spectateur ne peux jamais respirer. Alors pour ma part, faire durer le film 10 minutes de plus pour gagner en aération, ça ne m'aurait pas chagriné, loin de là. Par contre amputer le film si habilement construit de ne fut ce qu'une minute de son discours passionnant aurait été meurtrier. Heureusement, les conflits se situent à plusieurs niveaux, ce qui permet au monteur de passer de l'un à l'autre facilement, donner ainsi une rythmique, et permette au spectateur de ne pas s'exploser littéralement la cervelle.

Maintenant il reste tout de même la question de la légitimité de ce film. L'intérêt de film, c'est qu'il enseigne une partie de l'histoire habilement, sans rien perdre des règles sccénaristiques (on ne perd pas les personnages au profit des vrais hommes qui ont existé). Mais en tant qu'objet cinématographique en soi, il faut admette qu'il ne vaut pas grand chose. la mise en scène est la plus discrète possible, David se contente généralement d'un plan d'ensemble et de champs/contre champs; malgré la grosseur des plans, tout reste théâtral. Je ne regrette pas d'avoir vu le film, et il est certain que les choix de mise en scène évitent de perdre le spectateur dans des artifices inutiles, mais il me manquait ce côté cinéma duquel le cinéaste ne se dérobe jamais.

Quant au jeu d'acteur, j'avais peur d'être déçu par Keira Knightley, mais il faut avouer qu'elle joue très bien. A vrai dire ce type de folie peut sembler farfelue à voir, et même si les grimaces incessantes de la fausse Natalie Portman m'ont fait sourire par moments, je m'incline face à son talent qui retranscrit cette gestuelle avec réalisme. Fassbender confirme son talent, et Viggo s'amuse, comme toujours à incarner des personnages toujours plus différents les uns que les autres. Il est à regretter que le cinéaste n'ait pas abordé les multiples opérations de la gorge qui ont dénaturé le visage et la diction de Freud, mais ça ne m'étonnerait pas que l'acteur ait utilisé cette donnée pour donner plus de corps à sa voix. Reste Vincent Cassel toujours énigmatique; il ne renouvelle jamais son jeu, mais Cronenberg arrive toujours à y donner une nouvelle dimension...reste qu'après avoir vu son interprétation j'ai eu envie de le voir interpréter Van Gogh. Je terminerai enfin en regrettant que Jim Carrey n'ait pu jouer le rôle de Keira... espérons au moins qu'il prendra le temps de parodier un apssage ou l'autre comme il a fait pour 'Black Swan'.

Bref, A dangerous Method n'est certainement pas le film de l'année, et ça n'est que dans le cadre de la filmographie de David Cronenberg que le métrage prend tout son sens (ainsi que dans un contexte éducatif). Bref un film pour les fans de Cronenberg ou tout simplement les plus curieux (arrière fans de film d'époque, vous verrez peu de décors).
Fatpooper
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le 11 janv. 2012

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