À cœur ouvert par Maqroll
J’ai lu bien des critiques épouvantables sur ce film… quelques autres dithyrambiques… Je pense qu’il ne mérite ni les unes ni les autres… C’est tout simplement la chronique d’un amour fou qui se délite par la force de la vie qui l’emporte jour après jour sans espoir de retour. La mise en scène est méritante, recherchant une concision adaptée au sujet, sans fioriture ni effet de tape à l’œil. Je n’ai rien non plus à reprocher à la direction d’acteurs : Juliette Binoche est excellente dans un rôle de femme désespérée et lucide jusqu’au bout (ceux qui qualifient son jeu d’hystérique ne savent pas de quoi ils parlent !), Edgar Ramirez est très juste dans ses excès forcenés et Hippolyte Girardot idéalement sobre dans la peau de l’ami fidèle. Les scènes d’amour comme celles des disputes sont filmées avec force, révélant le véritable propos du film : l’exploration des corps, chirurgicale dans la métaphore de la profession de ce couple terrible, des corps ouverts, déchirés, exposés, meurtris, sanglants, mourants… La scène finale, filmée aux chutes d’Iguazú, contient une jolie dose de poésie qui conclut en beauté et d’une manière intelligente cette histoire passionnée. Le seul reproche que je pourrais exercer est celui d’un trop grand dilettantisme au niveau de la conduite du récit. Le scénario est à la fois trop lâche (et parfois complaisant) et trop rempli d’ellipses. C’est certes un parti pris d’auteur mais on regrette souvent un manque de rigueur et une absence de solidité de cet univers rendu de manière trop simpliste. C’est dommage car à ce détail (important) près, on avait là une excellente étude de la passion.