Ho ben ça c'est amusant. Le premier film pour le cinéma de Hal Ashby met en scène Beau Bridges et son dernier toujours pour le cinéma met en scène Jeff Bridges ! Je sais pas trop quelle conclusion tirer de cela, ni quelle théorie fumeuse, mais en attendant, ça me fait marrer.


Le synopsis m'a surpris. Bon, je ne suis pas un habitué de Hal, mais il est surtout connu, il me semble, pour "Harold and Maude", "The Last Detail" et "Being There", des films plus portés sur le drame que l'action. Alors qu'ici, il est question de prostituées, de drogues, d'un flic alcoolo... Bon pour ce qui est de la caractérisation, là je suis moins étonné, mais que ça se déroule sur fond policier, là par contre, je n'en reviens pas.


Une fois le film lancé, on comprend un peu mieux. Hal se plaît plus à faire parler ses personnages qu'à mener l'intrigue policière. Ce qui est dommage, c'est qu'il n'y ait pas la matière nécessaire pour faire de bons dialogues. Ils ne sont pas mauvais, il y en a même qui passent bien, mais les personnages ne sont pas assez construits ni approfondis, et les conversations se révèlent anecdotiques la plupart du temps.


Le monde mis en scène est assez violent. Durant l'intro, le héros tue un dealer contre sa volonté. Il le tue mais bon, il aurait pu juste tirer dans l'épaule pour que celui-ci arrête de tabasser un autre flic. Mais non, Jeff, il est comme ça, il vise direct l'estomac et BANG ! La fin est également assez trash, ça tire, ça explose, ça agonise, ça meurt. Sans parler des alcooliques anonymes, des prostituées, des macs, ... L'Amérique n'est plus vraiment le pays du rêve. Ceci étant dit, n'imaginez pas un ton misérabiliste, on en est loin. Il y a de la distance et puis aussi de l'humour (à petite dose, mais assez pour alléger le récit). Et cela permet de se sentir touché, par le personnage principal par exemple.


Le récit n'est pas très bien ficelé. On perd tellement de temps avec ces dialogues et avec les quelques scènes d'action qu'il y a des solutions un peu trop faciles. De même que certaines situations auraient pu être plus approfondies. Bon, en l'état, ça suffit à divertir. On a des conflits, des objectifs, ... mais c'est mal rythmé. L'intro, par exemple est très longue, le récit ne commençant réellement qu'après 30 grosses minutes.


La mise en scène tient la route. Hal se déboruille même assez bien dans les scènes d'action. La scène du hangar à la fin est vraiment étrange. Elle fait mal aux oreilles, elle est extrêmement longue... mais ça marche, on se laisse prendre au côté 'réaliste' de la scène, au chaos durant les négociations. Et même la course poursuite est plutôt sympa. Le seul truc qui fonctionne moins bien, en fait, c'est la musique un peu datée. C'est rigolo aujourd'hui, c'est dans la veine d'un "Beverly Hills Cop", avec du synthé à gogo.


Les acteurs sont bons. Il y a un côté 'surjoué', mais ça fonctionne assez bien avec le reste, donc ça paraît normal. Ce qui m'a surpris, c'est de découvrir que Jeff joue déjà les bourrés comme il les joue actuellement. C'est juste qu'il a une gueule plus lisse, mais sinon ça passe assez bien. Les seconds rôles sont bons aussi. Andy Garcia a la bonne gueule de l'emploi ; Rosanna est la bimbo remplaçable, elle n'amène rien de très personnel si ce n'est sa plastique superbe.


Bref, ce "8 million ways to die" est un petit film policier divertissant bien ancré dans sa décennie (m'enfin, ce n'est pas un western comme je l'ai cru la première fois que j'ai vu l'affiche du film). Il m'a fait penser à "To live and die in L.A." de Friedkin pour son côté assez glauque, ce qui peut surprendre un peu de la part d'un type qui s'appelle Hal Ashby.

Fatpooper
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le 22 août 2016

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