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Le synopsis de cette œuvre turque ne nous cache rien et on devine assez aisément le contenu du film avant son visionnage. On assiste dès lors, sans s'étonner, au long spectacle de désespérance qui s'abat de manière fracassante sur les épaules du protagoniste. Partant, quelle raison serait suffisante pour nous tenir en haleine pendant plus de deux heures face à une œuvre dont nous avons saisi les extrémités ?


Il est vrai qu'il est difficile de porter un regard critique sur cette production puisqu'elle fait de la sensibilité son identité : absolument tout le fil conducteur est porté par les affects et par un « pathos » illustré avec intelligence à l'écran. On s'indigne, et on s'émeut sans peine face à l'abominable condition infligée aux détenus d'un régime totalitaire, prisonniers d'enceintes bétonnées où absolument chaque rapport humain fonctionne au respect du grade et de la hiérarchie. Ici, et là où le réalisateur est malin, c'est que cette condition est fatalement sublimée par le fait que le protagoniste n'en a même pas conscience, et que c'est nous, avec l'ensemble de ses codétenus qui sommes spectateurs du désastre.


Pour le reste, l'opération tire-larmes, bien qu'un peu grossière, fonctionne bien. Les prestations des protagonistes sont très bonnes, avec un bonus pour Nisa Sofia Aksongur qui arrive à déployer un large panel émotionnel à son âge. Les personnages secondaires sont peu travaillés, et le schéma classique des gros durs au cœur tendre s'installe paisiblement au sein même de la prison, alors qu'ils sont contraints de cohabiter avec Mémo.


Ce dernier, comme la personnification de la grâce divine, celle de « l'homme bon » par essence vient bousculer l'intégrité d'un directeur pénitentiaire et faire chanceler les plans machiavéliques d'une hiérarchie, profondément injuste et finalement désordonnée.


Le film se veut alors touchant et simple, comme le voulait le réalisateur qui nous rappelle que tout ici bas n'est pas si manichéen que les apparences veulent le faire croire ; mais qu'il existe à travers les hommes des nuances qui échappent aux faits... Les émotions, pièce maîtresse du puzzle humain, où tourbillonnent l'empathie, le don de soi et le sacrifice, berceaux de cette œuvre et qui permettent une issue de secours au châtiment d'un crime qu'on n'aurait pu résoudre, et à l'Ange de fouler encore un peu le sol de cette Terre en compagnie de ses moutons.

Pripiat
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le 2 avr. 2020

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