Scénario :
Dans cette préquelle à The Office nous allons voir la jeunesse de Michael Scott. Connu sous le surnom de Andy, celui-ci était dans une geekerie proche de celle de Dwight et bossait dans l'entrepôt d'un magasin de matériel électro-ménager, type Darty ou Boulanger. Après s'être fait des potes, Michael gravit petit à petit les échelons : il devient vendeur puis chef des ventes. A la fin du film devient son propre boss. (On suppose qu'il se lancera ensuite dans la papeterie sous un nouveau nom.)


Ha, et il tente de se faire dépuceler, aussi.


Ce film fait partie de mon Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "C'est sûrement de la merde mais je suis curieux."



En tant que sujet d'étude :



Le film titillait ma curiosité pour deux raisons et si j'explique la première dans la seconde partie, la seconde, c'est parce que le réalisateur Judd Appatow divise : certains adorent ses comédies et trouvent qu'il a un style, tandis que d'autre le trouve vulgaire, mais d'autres trouvent que sous un aspect vulgaire, il y a des bonnes histoires et un commentaire sur l'évolution de la société.


Il s'agit ici de son premier film, celui-ci est co-écrit par Steve Carell qui est même à la proposition de base du film. Et ça se voit tant on reconnait ses vannes et une certaine façon de faire : Carell y joue un personnage de loser attachant et on a un geek en marge des autres par sa bizarrerie (dans The Office ce rôle étant attribué à Dwight.) Ha et un mec qui fait des tours de magies pour impressionner les gosses.


Quant à Judd Apatow il est considéré comme une sorte de John Hugues des années 2010 et j'y trouve ici les traits qui sont listés sur sa page tvtropes :
- Des scènes improvisés (la plus célèbre étant celle où Steve Carrell se fait arracher les poils à la cire pour de vrai devant un casting limite mort de rire.)
- Des gags cracras (ha ha vomi, ha ha pipi)
- De l'humour de mecs défoncés (les mecs boivent pas mal et Cal, un des potes d'Andy est souvent vu en train de tirer sur un bang.)
- Des blagues de cul (étrangement moins que ce que je pensais,)


Mais c'est aussi celui qui a initié un truc très en vogue durant la décennie : la Bromance. Ce moment où les amitiés entre les mecs est filmée et écrite de manière encore plus poussée que l'intrigue amoureuse. Et effectivement, le film comporte pas mal de passage où Andy fait la connaissance des autres losers qui bossent avec lui dans l'entrepôt et de s'apercevoir que s'il passe pour un cas, eux aussi ont des problèmes : David ne s'est jamais remis d'une rupture au point d'en devenir un stalker, Cal est trop je-men-foutiste pour avancer et Jay est un colèrique et un queutard qui fout son couple en péril. Et au fur et à mesure du temps ils passent de "mecs un peu cons" à "mecs un peu cons mais attachant." Reste quelques seconds couteaux avec des accents un poil racistes dont je ne sais plus si c'est de la caricature maladroite ou de la caricature volontaire afin de souligner une hypocrisie.


De plus, le film offre pas mal de gag lié au milieu de la vente d'électroménager : entre les magouilles internes, les vols de matos (tiens des CD-R, so 2000), la destruction d'ampoules, les engueulades dans la salle insonorisé ou les vannes sur l'utilisation des écrans à des fins personnelles, on sent que les mecs se sont amusés avec leur décors et c'est chouette.


Judd Apatow est connu pour son casting qui revient de film en film et c'est vrai qu'on déjà une brochette de comédiens qu'on reverrait assez souvent au cinéma dans la décennie suivante. 2005 fut l'année du boom pour Steve Carell : ceux qui ne l'ont pas découvert à travers ce film l'on connu grace à la première saison de The Office. On voit aussi Paul Rudd a l'époque où il était encore dans des rôles de second couteaux mais Seth Rogen et Jonah Hill sont déjà visibles. Aucun ne sort de sa zone de confort, mais on sent que l'idée était de faire un film entre pote où chacun reste dans ce qu'il est bon.



Mon avis personnel :



La raison pour laquelle je voulais enfin voir ce film, c'est que pendant des années je l'ai secrètement détesté.


Lorsque j'étais étudiant je vivais mal vécu le fait d'être un éternel célibataire et je complexais à mort sur le fait d'être toujours vierge. J'avais l'impression que la société me rappelait constamment à mon statut de loser : les pubs représentant des couples ou des nanas aguicheuses, les potes et leurs histoires de culs, les films que je matais. Ça en devenait une obsession, un poil malsaine. Et lorsque pendant un mois je voyais le bus m'emmenant à la fac avec l'affiche "40 ANS TOUJOURS PUCEAU" je l'ai pris personnellement pour une attaque du destin.


Le gag, c'est que je me suis aperçu que le film comporte une scène similaire à ce que j'avais vécu où Andy fuit les pubs aguicheuses (et voit même deux chiens s'envoyer en l'air.)


Quelques mois plus tard, je discutais avec une amie polonaises qui me disait qu'elle venait de voir (de manière illégale) un film nommé "le 40 ans qui n'a pas fait l'amour."
"Ha c'était comment ?"
"Pas très bien."


C'était le biais de confirmation qu'il me fallait pour ranger ce film dans la catégorie "daubasse." Avec le temps, notamment ce que je dis au dessus sur Judd Apatow, j'ai lu que c'était pas si horrible que ça. Et entre deux rattrapages des épisodes la série The Office, j'ai proposé à ma copine "ha, y a 40 ans toujours puceau sur ma liste des films à voir." Elle a fait la grimace. Je fais "si c'est nul, on arrête au bout de 15 minutes." On s'est tout maté et notre appréciation était plutôt positive.


Et étrangement, ma pote polonaise avait raison : c'est pas si bien que ça. Mais pas pour les raisons que je pensais.



Le retour à la morale :



A vrai dire, je m'attendais à un film à la American Pie et consort. Des films qui vante le cul à donf, où les protagonistes font des trucs cradingues et même le pire des nullos sera abordé super facilement par des jolies nanas célibataires et chaudes comme la braise qui semblent pulluler de PARTOUT. Bon, certes, le film possède le défaut de la drague hollywoodienne (toute femme croisée étant célibataire et potentiellement intéressé par le protagoniste) mais ça reste plutôt atténué et l'humour tourne plus autour du fait que les potes d'Andy ont tous des conseils nazes et ne savent pas mieux que lui débloquer la situation. Chose qui, pour l'avoir vécue est totalement vraie.


En fait, très vite le film s'ancre surtout sur la romance entre Andy et Trish, une jolie maman célibataire. Et ça reste plutôt bien traité sur le long terme, les personnages sont mignons, elle a une personnalité qui la rend attachante sans la rendre trop parfaite au point que pour avancer le film dans sa proposition initiale, le film a besoin de l'excuse idiote du "on va attendre 20 rendez-vous avant de faire du cul" (qui fait ça passé l'adolescence ?) et du fait qu'Andy ne veuille pas avouer qu'il n'a jamais fait zizi-panpan.


Et là arrive le côté "moral" du film.


Déjà, au début du film, une piste est entamée qui montre que le problème d'Andy n'est pas qu'il est vierge mais que ses passions geeks l'enferment dans la solitude : il joue en ligne, lit ses comics dans son coin, mate ses films dans son coin et s'achète des figurines. Et à partir du moment où il se fait des potes et s'ouvre aux autres on s'aperçoit que sa vie va mieux : non seulement les sorties en bar lui permette d'aborder des femmes, mais en plus il monte des grades dans son job.


Du coup, la morale ça aurait pu être une forme de "aide toi et le ciel t'aidera" surtout qu'on le voit inviter David et Cal pour jouer aux jeux vidéos chez lui (en plus ils jouent à un jeu PS2 avec des manettes de N64 mais ils les tiennent à l'envers, les nazes.) Mais non, l'idée c'est plus "arrêtez d'être geek et grandissez." Les passions d'Andy sont globalement vues comme des trucs néfastes ou comme des trucs d'excentrique un peu con (faire du vélo, faire de la magie, etc...)


et à la fin du film il finit par revendre sa collection de jouets pour littéralement financer son mariage. Super !


Idem pour la morale autour du pucelage qui fini par quelque chose comme de très convenue autour de l'idée de trouver le vrai amour. Et les intrigues de fins sont assez mal écrites.


Dans le dernier quart du film Andy et Trish s'engueulent à la fois à cause des jouets de celui-ci, mais aussi avec le fait qu'elle veuille, d'un seul coup, lui sauter dessus dans une pièce pleine de matos qu'ils ont mis des heures à empaqueter. (Vous avez attendu des mois, ça pouvait attendre 5 minutes ? Non ?)


S'ensuit des quiproquos un peu nuls et basés sur le fait qu'Andy risque de perdre sa virginité avec la nympho de service du film et pas la VRAIE fille. (Meh.) Y a des scènes avec une nympho qui semble sexuellement par littéralement surexcité par n'importe quoi, des sous-entendus qu'un gamin de 10 ans comprendrait et qu'Andy ne comprend pas et Trish qui pense qu'un homme célibataire de 40 ans avec du porno chez lui est un serial killer.


Et le film qui se finit en scène de course-poursuite, réconciliation et moralité sur "l'important c'est de trouver l'amouuuur, le vrai et le "je t'ai attendue toute ma vie"." Mariage dans lequel tous les personnages ont trouvés la femme de leur vie, double blague sur le sexe après l'abstinence (une rigolote, une convenue) et scène de comédie musicale inspirée de Hair qui... est assez étonnante à vrai dire.


Niveau intrigues mal écrite et moralité convenue, le film aligne un festival durant le dernier quart d'heure ce qui a complètement douché notre enthousiasme initial. Mais dans l'ensemble, ça reste quand même un film sympathique. Avec certes, des blagues de mauvais gouts, des trucs parfois beauf, mais pas mal d'autres points réussis.

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le 23 nov. 2020

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