143 rue du désert. C'est l'adresse de Malika, la "reine" du Sahara, gérante d'une cahute en tôles posée au bord da la route transsaharienne traversant l'Algérie. Une adresse à laquelle s'arrêtent camionneurs, musiciens, imams, ou encore une touriste Polonaise. Autour d'un thé ou d'un café, Malika échange avec ses visiteurs sur ses préoccupations, la vie qui passe.


Avec 143 rue du désert, nous sommes comme emportés par une tempête de sable dans le quotidien de Malika, tantôt solitaire, tantôt tourmenté. Le film se veut une parenthèse très simple, sans filtre, dans le quotidien de cette femme. Avec en toile de fond son histoire dramatique de femme exilée de la ville, menacée par la construction d'une station essence et d'un restaurant à côté de son relais, le documentaire donne une perspective sur des débats contemporains comme sur le féminisme, la migration, le capitalisme.


Le réalisateur assume et joue avec la présence de la caméra, bien présente aux yeux des visiteurs et de Malika, cette femme qui gardent des souvenirs sombres du temps où elle a été chassée de la ville. La caméra fait-elle figure de porte-voix pour Malika? Résiste-t-elle au biais voyeuriste ? L'équilibre est difficile et différent selon les personnes qui réagissent avec plus ou moins d'authenticité à la caméra.


Le décentrement culturel provoqué par ce film est louable, en nous offrant une perspective nouvelle sur le Sahara, lieu de transit, de mémoire collective, de partage. Une perspective en grande partie façonnée par la figure de Malika. Combler le vide, oui. Désenchanter le Sahara, soit. Mais le message est déroutant. A l'image de cette scène où Malika regarde le monde, le Sahara, tout en bâillant. Comme un grain de sable gênant qui se serait glisser dans le fond d'un verre de thé.

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le 3 mai 2021

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Emilie Rosier

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