Après le superbe et insolent Pain and Gain, 13 Hours s'inscrit dans la lignée des projets plus personnels de Michael Bay avant que ce dernier ne retombe dans le travers du film de commande avec Transformers The Last Knight en 2017.
Bien que le récit mette du temps à trouver un rythme juste par son dynamisme trop imposant pour des actions banales, Bay ne manquera pas d'y déployer son savoir-faire aussi anarchique que techniquement accompli.
Dans cet enfer qu'est la ville de Benghazi, le réalisme de la réalisation en est assez déconcertante. Que ce soit au travers des marchés noirs (où la vente d'armes légères et lourdes est libre), dans les ruines servant d'habitations ou encore dans la violence régnante depuis la mise en place d'une guerre civile contre le pouvoir dictatorial de Mouammar Kadhafi, tout est régie par l'omniprésence de la peur et de la violence.
En sa qualité de cinéaste dénotant de la politique des studios face aux blockbusters, au-delà d'un patriotisme "très" mis en avant et d'une connaissance singulière de l'expérience du cinéma d'action, Bay n'en adopte pas moins un rapport réfléchi face à la volonté d'une prise de position géopolitique des États-Unis sur les conflits internationaux alors que le pays n'en a pas les moyens ;
- Effectifs militaires sur place réduits.
- Renforts extrêmement pauvres afin de porter secours aux soldats d'élites lors de l'attaque de la base de la CIA par une armée d'islamistes.
- Obligation de faire alliance avec des milices sur place.
Mais également un discours critique sur les décisions bureaucratiques de la CIA où les supérieurs hiérarchiques rongés par la peur, sont prêts à abandonner leurs compatriotes (y compris leur ambassadeur) ou bien à envoyer leurs propres soldats à la mort afin de sauver leur peau (et en prime, recevoir la médaille d'honneur). Et le dernier plan du film n'en est que plus porteur de sens : un drapeau américain flottant dans une piscine pleine de débris, criblé de balles et à moitié brûlé.
Signe d'une idéologie de la toute-puissance américaine dépassée, laissant mourir au combat leurs propres enfants.