France, début des nineties. L’association Act Up-Paris tente de sensibiliser l’État et l’opinion concernant la maladie du Sida, enchaînant campagnes choc et travail de prévention dans divers lieux publics. Pilier de ce processus, les réunions d’Act Up représentent un espace privilégié d’expression et d’organisation essentiel à sa pérennité. Parmi eux Thibault, Sean, Max et bien d’autres luttent contre la maladie et tentent d’utiliser au mieux le temps qui leur est imparti.
Ce qui marque d’emblée dans 120 battements par minute, Grand Prix au dernier Festival de Cannes, c’est sa valeur à la fois historique et testimoniale. Ancien militant d’Act Up, Robin Campillo retranscrit ici les souvenirs de ces réunions entre séropo et séronégatifs, liés par de malheureuses circonstances. Des hommes et des femmes qui s’expriment – par claquements de doigts ou sifflements – sur les diverses actualités relatives à leur maladie, représentés par certaines figures clés de l’organisation. Parmi elles, Adèle Haenel se montre tout à fait convaincante, incarnant avec talent Sophie, une femme forte et déterminée qui n’en demeure pas moins sujette aux remises en question quant à ses choix politiques et citoyens ; ainsi qu’aux actions qu’elle a pu mettre en œuvre dans le cadre de ce combat pour la reconnaissance du droit des personnes touchées par le virus. Les discours de cette militante acharnée reflètent les actions clés de l’association : s’informer, négocier, passer à l’action ou adopter un comportement conciliant dans l’attente d’un accord. Des missions à propos desquelles des débats sont conduits, opposant régulièrement différents groupuscules de l’organisme. Au cœur de ces discussions se trouve Thibault (incarné par Antoine Reinartz, parfait), président de l’association et figure controversée du groupe, accusé par certains de ses membres de vouloir s’attirer avant tout une large couverture médiatique, au détriment parfois des actions de l’association et de l’amélioration de la situation des malades qu’il entend représenter. En éclairant ces dissensions, nécessaires bien souvent à l’émergence d’idées nouvelles essentielles à l’avancée des discussions, Robin Campillo nous offre un tableau approfondi de la vie de cette association d’une importance fondamentale concernant le virus. On sent bien tout au long de l’œuvre l’engagement du metteur en scène face à son vécu sans pour autant que ce dernier ne vienne condamner ses personnages. De fait, les motivations de chacun nous sont exposées, laissant le spectateur se construire sa propre opinion ; à l’image des protagonistes dans leur vie associative.
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