Je n'ai pas vu Cloverfield et je m'en fiche pas mal, par contre j'aime beaucoup les huis clos et la bande-annonce promettait quelque chose d'assez tordu, tout en montrant juste ce qu'il faut pour attiser la curiosité du spectateur. De plus, la présence de John Goodman et de la radieuse Mary Elizabeth Winstead m'assurait de ne pas passer un moment trop horrible. Je me suis donc rendu en salles obscures pour voir ce film, qui semblait bien plus intéressant que son aîné.


Quand j'ai vu la scène d'ouverture, je me suis dit que le réalisateur avait tout compris. Rien n'est expliqué au spectateur, on voit juste une jeune femme faire fébrilement ses valises et partir seule, en silence. La musique joue avec l'attente du spectateur en proposant une mélodie solennelle, donnant un aspect profondément viscéral à la séquence. Si l'on excepte l'appel téléphonique pas très intéressant qui brise la solitude du personnage, cette entrée en matière se révèle être de très bonne facture.


C'est donc dommage qu'elle se conclue avec un jump scare, le premier d'une demi-douzaine disséminée dans le film. Je ne sais pas si c'était dans le cahier des charges, mais la musique, quand elle ne sert pas à vriller les oreilles, arrive parfaitement à poser une ambiance. L'ensemble pouvait largement se passer de cet effet bien bas.


Heureusement, l'écriture ingénieuse masque ce problème. Elle place le spectateur dans la même position que le personnage principal, Michelle, qui est continuellement dans la découverte. Elle n'a aucune certitude sur ce qui se passe vraiment et ne peut faire que des suppositions, ce qui laisse grandir la paranoïa. Le film aurait pu tenir toute la longueur avec cette situation, mais il choisit de donner des réponses à un certain point. Malgré ces révélations, le récit ne s’essouffle pas et parvient à relancer l'intérêt, via un élément classique qui fonctionne bien. Au final, trois retournements de situation viennent rythmer le récit, sans que cela paraisse forcé ou artificiel.


La narration est également ponctuée de plusieurs set up/pay off intelligents, qui se glissent aisément dans le flot des actions. Une partie d'entre eux sont provoqués par le personnage de Mary Elizabeth Winstead, qui est bien loin du cliché de la potiche. Les réactions de cette jeune femme à l'esprit vif sont toujours très logiques, ce qui la rapproche énormément du spectateur.


On ne pas dire que le personnages de John Goodman soit aussi attachant. Son côté bourru et maniaque est beaucoup trop poussé pour qu'on puisse croire une seule seconde qu'il est totalement saint d'esprit. J'aurais préféré qu'il soit introduit comme une simple personne charitable puis qu'on remarque petit à petit qu'il y a anguille sous roche, cela aurait été une meilleure manière d'amener le deuxième twist.


Pour une fois, le résultat est à la hauteur de la promesse. Malgré quelques défauts, 10 Cloverfield Lane est un bon thriller qui arrive à promener le spectateur en jouant intelligemment sur ce qu'il sait et ne sait pas. Habile.

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le 17 mars 2016

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