Ayé, enfin vu le dernier opus de l’espion qui séchait plus vite que son ombre et je dois dire que c’est une déception. Après un Casino Royale sous haute tension et un Skyfall de toute beauté, on finit sur un Spectre bien pâlichon.
Pourtant, ça partait bien. Le passage de la Fête des Morts à Mexico avec ce superbe costard particulièrement discret, enchaîné avec cette ballade sur les toits de la ville, était très alléchant. Et puis, à partir de là (donc, au bout de dix minutes de film), on tombe dans quelque chose d’assez inégal où même une course poursuite dans les rues de Rome s’avère mollassonne.
Alors, peut-être que ça vient de la montagne d’incohérences qui écrase toute la crédibilité du film. Pourquoi est-ce que Bond tabasse le pilote de l’hélico, qui a sûrement autre chose à faire que de venir s’incruster dans la baston entre l’espion et Sciarra (comme de piloter, par ex) ? Pourquoi est-ce que Bond doit faire une visite médicale s’il est mis à pied (on découvre ensuite la finalité de l’ordre, mais dans le principe, c’est complètement con) ? Comment Monica Bellucci peut-elle accepter de tomber dans les bras de Bond alors qu’elle vient d’enterrer son mari, tué par Bond (et elle le sait, en plus) ? Pourquoi les armes de la voiture de 009 n’étaient pas chargées (pour la rigolade, ça on a bien saisi… même si ça n’est pas drôle, mais m’est avis que 009 aurait un peu fait la tronche) ? Comment l’avion arrive à passer entre les arbres alors qu’il n’y a manifestement pas la place pour les ailes ? Pourquoi les super injections du grand méchant n’ont absolument aucun effet ? Etc.
Alors, je veux bien croire que c’est un James Bond, que c’est toujours un peu (beaucoup) capillotracté parfois, mais là, ça atteint quand même des sommets. Et même si on veut bien se marrer un coup parce que James ressort avec un costard nickel d’une promenade en char d’assaut dans le centre-ville de Saint Pétersbourg, il y a des moments où un peu de logique ne ferait pas de mal. Et puis surtout, un peu moins de passages et de personnages bouche-trous. Il y avait d’autre manière de présenter le testament de M que de faire venir Moneypenny chez James (un écran, une clé-USB, ça aurait suffit). Toute la scène chez la veuve Sciarra est proprement sans intérêt (surtout qu’avec l’apparence de tueur en série qu’il se trimballe, ça fait complètement tomber à plat l’abandon de Monica dans ses bras). Et ce grand malabar qui a deux mots de dialogue et qui ne sert qu’à provoquer deux-trois scènes d’action pas très folichonnes (tout ça pour disparaître d’une façon particulièrement débile)…
En plus – traitez-moi de fausse fan si vous le voulez – mais je vous avouerai que le fameux Mr White de Casino Royale avait tout à fait disparu de ma mémoire. Supplanté par un « Le Chiffre » monstrueusement classe, cet ex-criminel est tombé directement dans mes oubliettes mémorielles. De fait, le voir ressortir 10 années plus tard m’a fait quelque peu froncer les sourcils.
Quant à Christopher Waltz, annoncé comme ze grand méchant du film, il campe un personnage grotesque qui ne ferait même pas frissonner un camp de scouts. Sérieusement, Hans Landa avait douze fois plus de charisme que lui, au point que j’en ai même oublié son nom (et j’ai vu le film, il y a tout juste deux semaines). Bond se retrouve ici avec un antagoniste qui collectionne les cailloux et se prend pour le gourou des injections intracrâniennes (mais visiblement, il a raté son diplôme), tout ça parce qu’il était jaloux que son père aille faire du ski avec le petit gavroche du coin plutôt qu’avec lui. Wouh ! J’en suis toute émoustillée… Non, en fait, on s’en tape complètement et on en vient à regretter que Bond ne lui colle pas une balle au milieu du front, parce que ça voudrait dire qu’il risque de revenir. D’autant plus que, excusez-moi, mais le malade qui manipule les médias et surveille le monde entier derrière ses petits écrans, ça n’avait pas déjà été fait avec M. Carver ?
Bref, rien de bien neuf sous la brume londonienne. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour que le prochain James Bond soit à la hauteur.
PS : cette aventure était tellement lénifiante que j’ai réussi à m’endormir au milieu de ma propre critique (son premier jet en tout cas). J’avais oublié d’évoquer la chanson du générique et Léa Seydoux.
Alors, j’ai appris ce matin que cette chose (la chanson, pas l’actrice) avait été oscarisée. Sérieusement ? A l’heure actuelle, je suis incapable de vous ressortir ne serait-ce qu’un fragment atomique de l’air de Sam Smith. Parlez-moi de Goldeneye, Skyfall, A view to a kill ou même Die another day, mais pas de… bah, de ça (c’était quoi le titre, déjà ?). C’est nul, zéro. Du même acabit que la chanson d’Alicia Keys.
Quant à Léa Seydoux, excusez-moi mais elle n’a quand même qu’une seule expression quel que soit ce qui lui arrive. Entre elle et Daniel Craig, c’est le festival des chirurgiés esthétiques (cette expression n’existe pas mais laissez-moi innover).