Belle surprise que cette BD.


L'auteure s'est inspirée de son frère autiste mais s'est permis beaucoup de liberté ; elle s'est aussi concentrée sur son ressenti, son savoir empiriste plutôt que sur la théorie, du coup ça n'est pas à prendre comme un ouvrage 'scientifique' ; enfin, elle ne s'est pas gênée pour modifier des choses, si bien qu'arrivé à la fin, on ne sait plus trop ce qui est vrai et ce qui est fictif, ce qui est bien car ça permet de se focaliser uniquement sur l'histoire et non de se dire constamment : ha oui mais ça s'est passé comme ça en vrai. Pour moi, une fois qu'on raconte une histoire, même si c'est basé d'un fait réel ou d'un personnage historique, il faut pouvoir s'affranchir de la réalité et créer son propre univers. L'auteure ici y parvient parfaitement.


L'intrigue tient donc la route. C'est un peu décousu au début, on ne sait pas trop où on va, ça manque d'un objectif principal plus évident (vu qu'on adopte le point de vue de l'autiste, il n'y a que des petits objectifs qui changent régulièrement ; c'est dommage, mais en même temps le points de vue des parents auraient pu faire tomber le récit dans le misérabilisme écœurant). L'univers est fantasque, on a vraiment l'impression de voir le monde depuis les yeux du héros et on s'identifie ainsi très facilement durant les conflits. L'humour est également présent, à bonne dose. Les personnages sont bien écrits ; les parents sont un peu interchangeables dans certaines scènes, mais la sœur se démarque et puis on sent qu'il y a le noyau familial comme sorte de personnage collectif.


Le graphisme passe très bien : ce personnages avec ses échasses en guise de jambe amène beaucoup de plaisir graphique, tant pour le lecteur que l'auteure qui en a chamboulé sa mise en page. Le trait est simple, efficace, toujours lisible malgré les nombreuses déformations. Les pages sont bien remplies, avec un peu de blanc qui circule. Les couleurs sont bien choisies et permettent à nouveau de comprendre un peu mieux le fonctionnement interne de l'autiste (du moins selon l'auteure).


Bref, je me suis bien amusé à la lecture de ce livre.

Fatpooper
9
Écrit par

Créée

le 2 avr. 2019

Critique lue 252 fois

3 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 252 fois

3

D'autres avis sur Ted drôle de coco

Ted drôle de coco
joseaxe9
9

Brutal coco

Attention, il y aura des spoilers, et il vaut mieux lire la BD avant de lire ma (courte) critique. J'ai abordé cette BD en m'attendant à un délire à haut niveau de 2nd degré. Je n'ai pas été déçu au...

le 15 janv. 2019

7 j'aime

Ted drôle de coco
Fatpooper
9

Vive la routine

Belle surprise que cette BD. L'auteure s'est inspirée de son frère autiste mais s'est permis beaucoup de liberté ; elle s'est aussi concentrée sur son ressenti, son savoir empiriste plutôt que sur la...

le 2 avr. 2019

3 j'aime

Ted drôle de coco
Lettres-it-be
9

"Ted drôle de coco" d'Emilie Gleason : le syndrome d'en rire

Après Premiers pas de Victor Lejeune qui nous avait véritablement séduit chez Lettres it be il y a quelques temps, les éditions de l’Atrabile ont fait leur grand retour avec, entre autres albums, Ted...

le 27 sept. 2018

1 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55