Un mystérieux tueur de Lapins, des armées avec des rêves de conquête, des pièges mortels et … l’équipe féminine de ping-pong d’Antipolis.


Enfin ! Depuis le redémarrage de la série en 2020, la branche Donjon Potron-Minet – considérée par beaucoup de fans comme la meilleure période du Donjon – était la seule à n’avoir pas encore bénéficié de cette reprise. C’est désormais chose faite grâce à ce très bon Survivre aujourd’hui. Comme le laissait présager Sans un bruit (DPM-83), l’album entame un nouveau cycle de la sous-série Donjon Potron-Minet : celui de la construction du Donjon. Nous retrouvons donc le héros Hyacinthe de Cavallère, non plus en tant que comte ou leader de la Guilde des Assassins d’Antipolis, mais présenté tel un jeune chef d’entreprise en herbe, qui doit faire face à de multiples tracas (dont le principal concerne sa sécurité puisqu’on cherche régulièrement à le tuer !).


L’album fait donc la parfaite transition entre les époques Donjon Potron-Minet et Donjon Zénith. Déjà par les personnages qu’il met en scène, puisque nous retrouvons dans cet opus plusieurs piliers du futur Donjon (Marvin, Grogro, Kadmium …). Et puis par le fait que l’action se déroule dans une atmosphère d’héroïc fantasy parodique bien loufoque, caractéristique des albums de la branche Donjon Zénith, et non plus dans l’ambiance de « capes et épées » typique des précédents Donjon Potron-Minet. D’ailleurs, les références aux jeux de rôle de type Donjons & dragons, aux jeux de plateau façon HéroQuest voire aux Livres dont VOUS êtes le héros de jadis vont bon train dans cet album et rappellent fortement les tout premiers Donjon Zénith de la série.


L’album est donc assez crucial en terme de background car il montre comment la demeure ancestrale des Cavallère est devenue le Donjon tel qu’on le connaît en tant « qu’entreprise de la mort de l’aventurier » à l’époque Donjon Zénith. Outre cet élément marquant, on a droit à tout un tas de petites infos et anecdotes croustillantes nous permettant de faire le lien avec de très nombreux albums de la série. On assiste ainsi à la première rencontre entre Hyacinthe et Grogro et on découvre les raisons qui ont poussé Hyacinthe à recueillir ce monstre emblématique du futur Donjon. On sait enfin quand, comment et pourquoi Marvin s’est fait embaucher au Donjon, en plus d’apprendre les raisons de son analphabétisme. On assiste à la naissance de la profession d’aventurier qui sera très en vogue à l’époque Donjon Zénith et de manière plus globale, on comprend comment la civilisation « éclairée » de Donjon Potron-Minet a amorcé sa transition vers une période plus barbare et plus reculée typique de Donjon Zénith. C’est aussi dans cet album que Hyacinthe prend officiellement le titre de Gardien, que le premier syndicat des monstres employés au Donjon est créé sous l’impulsion de Kadmium, que le Donjon s’équipe massivement de pièges mortels, qu’a lieu le tout premier C.A. du Donjon, etc, etc.


Du coup, peut-être parce que l’album lorgne davantage du côté de Donjon Zénith que du côté de Donjon Potron-Minet, il y avait longtemps que l’on n’avait pas autant ri en lisant un Donjon. L’album est en effet rempli d’humour décalé et un peu con comme aux plus belles heures de la série, avec des scènes très cocasses et des dialogues improbables mais particulièrement marrants. Entre Marvin qui ne sait pas s’il doit partir à l’aventure ou poursuivre sa scolarité car il se dit que « c’est essentiel, l’année du CP », équipe féminine de ping-pong d’Antipolis reconvertie en aventurières ou capitaine d’infanterie qui se dit être là pour conquérir un château et non pour juger les choix sexuels de l’élite intellectuelle en voyant Hyppolite travesti en vieille paysanne, sans parler de la bêtise habituelle de Grogro, difficile en effet de ne pas rire devant autant de conneries !


Le dessin minimaliste et épuré de Stéphane Oiry est bien dans l’esprit de la série Donjon Potron-Minet et apporte une certaine cohérence graphique à celle-ci, même si le trait est un peu léger par moments. Moins vivant et flamboyant que le dessin de Blain, moins chargé que celui de Gaultier, il gagne en clarté ce qu’il perd en fougue et en originalité. Si Oiry maîtrise assez bien décors et personnages, il semble en revanche hélas avoir plus de mal sur les scènes d’action – qui plus est fort nombreuses dans cet album ! – avec des personnages statiques, des mouvements figés, ce qui fait que l’ensemble manque cruellement de dynamisme et de panache ; un comble pour un album de Donjon Potron-Minet ! C’est peut-être le seul (léger) reproche que l’on peut faire à cet album, par ailleurs très bon.


Bref, le Donjon Potron-Minet Nouveau s’est fait attendre, mais finalement le Donjon Potron-Minet Nouveau est arrivé et ça valait le coup de patienter !

_minot_
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le 11 mars 2022

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